L'Iran a exclu hier toute restitution à Washington du drone espion américain ultra-secret qu'il a capturé début décembre au dessus de son territoire, en affirmant qu'il était désormais «propriété de la République islamique». «L'avion espion américain est une propriété de la République islamique, et nous allons décider quoi en faire», a déclaré le ministre iranien de la Défense Ahmed Vahidi en réponse à une demande américaine de restituer l'appareil. «Leur drone a violé (l'espace aérien iranien) et maintenant au lieu de présenter des excuses, de manière effrontée, les Américains nous demandent de restituer l'avion», s'est insurgé le ministre cité par l'agence ISNA. Le président Barack Obama a indiqué lundi que Washington avait «demandé la restitution» du drone d'observation furtif RQ-170 Sentinel dont l'Iran s'est emparé le 4 décembre alors qu'il se trouvait à 250 km à l'intérieur de l'espace aérien iranien. Le secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a ensuite précisé que Washington avait transmis à Téhéran «une demande formelle» de restitution de l'appareil, mais que «étant donné le comportement de l'Iran jusqu'à présent, nous ne nous attendons pas à ce qu'il s'exécute». Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast a ironisé de son côté sur la demande américaine. «Il semble que M.Obama a oublié que l'espace aérien iranien avait été violé et qu'il y avait eu une opération d'espionnage», a-t-il commenté en estimant que le président américain aurait mieux fait de «présenter des excuses et de reconnaître cette infraction». Selon la presse américaine, le drone venant d'Afghanistan était en mission d'observation des sites nucléaires iraniens pour le compte de la CIA. La télévision a présenté la semaine dernière des images de l'avion espion américain, dont les forces armées ont affirmé avoir pu prendre le contrôle pour le faire atterrir sans dommages majeurs en territoire iranien. Un important parlementaire iranien a assuré lundi que l'Iran était en train d'analyser le drone américain, un appareil d'observation à très haute altitude ultra-secret et sophistiqué, et qu'il avait l'intention ensuite de le copier pour en équiper ses propres forces. L'appareil «possède des capacités technologiques très élevées et représente un des acquis scientifiques les plus importants des Etats-Unis», a souligné hier le général Vahidi. «La capacité de l'Iran en matière de drone est très élevée. Nos ingénieurs ont construit de très bons drones de reconnaissance et d'attaque», a ajouté le ministre en confirmant implicitement ce projet. Des responsables américains ont toutefois exprimé des doutes sur la capacité de l'Iran à exploiter technologiquement l'appareil qu'il a capturé. Washington s'est inquiété à plusieurs reprises depuis 2010 du développement des drones iraniens et de leur impact sur la sécurité des forces américaines dans la région. Téhéran a annoncé en 2010 travailler sur un programme de drones d'observation ou d'attaque furtifs, sans donner de détails sur les performances de ces appareils ou l'état d'avancement du projet censé aboutir en 2011.