Pour une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». «Al Raya», un journal qatari, a publié une carte du Sahara occidental distincte du Maroc. Un crime de lèse-majesté. Des Marocains s'insurgent: «La publication par le journal qatari Al Raya de la carte du Maroc amputée de son Sahara. Les provinces du sud du Royaume ayant été maculées du drapeau de la pseudo-Rasd» a été condamnée, mardi par le Mouvement international pour le soutien de la question du Sahara marocain et du parachèvement de l'intégrité territoriale du Royaume, peut-on lire sur le site d'Atlasinfo qui cite l'agence de presse officielle marocaine MAP. «Dans une lettre remise aux responsables de l'ambassade du Qatar à Rabat, à l'issue d'un sit-in de protestation, le Mouvement souligne que la publication par le journal qatari de la carte du Maroc amputée de son Sahara constitue un «précédent grave» souligne la dépêche. «La question du parachèvement de l'intégrité territoriale du Royaume est une ''constante'' qui fait l'unanimité de tous les Marocains...le Maroc ne cédera pas un seul pouce de son sol», ajoutent les protestataires paraphrasant le souverain marocain qui en a fait une affaire sacrée. Lors du discours qu'il a prononcé le 6 novembre 2011, à l'occasion du 36e anniversaire de l'annexion du Sahara occidental, Mohammed VI avait rendu hommage à toutes les unités des Forces armées royales marocaines pour leur mobilisation constante «pour préserver la sécurité et la stabilité de ces provinces, ainsi que leur dévouement et leur abnégation dans la défense de l'intégrité territoriale de la Nation». Le clash entre Rabat et Doha sera-t-il évité? Pour le moment, les réactions officielles n'ont pas été ébruitées. L'affaire, qui n'a pas encore fait grand bruit, tombe mal pour au moins trois bonnes raisons: premièrement, cela peut apporter de l'eau au moulin du Front Polisario qui tient son 13e congrès du 15 au 20 décembre à Tifariti; secundo, l'événement intervient au lendemain de l'adoption par l'Organisation des Nations unies d'une résolution en faveur du peuple sahraoui qui «appuie le processus de négociation en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Ce texte tombe au moment où Christopher Ross, le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, tente de renouer les fils du dialogue entre les deux parties en conflit (Maroc et Front Polisario) afin d'organiser un 9e round de pourparlers informels; troisièmement, l'affaire pourrait perturber des relations avec le Qatar que le Royaume chérifien veut consolider après la visite de Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani effectuée au Maroc au mois de novembre dernier. Elle a de fortes probabilités de s'avérer une «bis repetita» de celle du bureau d'Al Jazeera au Maroc dont les activités furent suspendues et les accréditations de son personnel retirées pour pratiquement le même motif. Au mois d'octobre 2010, le gouvernement marocain avait reproché à la chaîne qatarie sa manière de «traiter les dossiers relatifs aux islamistes et à l'affaire du Sahara». Le ministère marocain de la Communication l'avait qualifiée d'«intention préméditée de nuire au Maroc (...) avec une obstination affichée de ne véhiculer... que des faits et phénomènes négatifs dans une entreprise délibérée de minimiser les efforts du Maroc». Al-Jazeera a dépassé la ligne rouge après avoir «sérieusement altéré l'image du Maroc et porté manifestement préjudice à ses intérêts supérieurs, à leur tête, la question de l'intégrité territoriale...», avait conclu le communiqué du département de Khalid Naciri. Quelle sera la réaction des islamistes marocains qui doivent diriger le nouveau gouvernement? Ils devront certainement ménager le chou: le Qatar leur propose des projets alléchants d'implantation de banques et de compagnies d'assurances islamiques. De quoi fermer les yeux et se boucher les oreilles...