«C´est de cette boîte d´allumettes que proviennent mes ennuis» Le président égyptien, Hosni Moubarak, lors de sa visite à Al Jazeera. «La décision de fermer le bureau d´Al Jazeera a été prise depuis longtemps, Rabat voulait pousser la chaîne à quitter le Royaume pour éviter le coût politique d´une telle décision», révèle un observateur. Ne l´ayant pas fait, Rabat a pris la décision de fermer le bureau, provoquant un tollé international des ONG de liberté d´expression et quelques jours seulement après la publication d´un rapport accablant de RSF, sur le Maroc. Rabat va regretter longtemps son geste, puisque la couverture médiatique qu´a accordée Al Jazeera aux événements d´El Aâyoune, anéantit une communication du Royaume, connu pour sa diplomatie à deux tours. Suite à quoi, plusieurs télévisions marocaines ont révélé les dessous de la fermeture du bureau d´Al Jazeera au Maroc. Des raisons qu´on avait, en partie, révélées il y a quelques jours dans cette même chronique. Ainsi, Nabil Benabdallah, l´ancien ministre de la Communication, a relevé, lors de son passage sur l´émission «Hiwar», diffusée sur la chaîne Al Aoula, le 26 octobre dernier, que les principales clauses du cahier des charges qui liaient Al Jazeera et le gouvernement marocain pour l´installation d´un journal quotidien maghrébin à partir de Rabat, en 2006, étaient de traiter les affaires marocaines avec objectivité et ne pas accueillir sur le plateau ou par satellite les ennemis de ce qu´il appelle «l´intégrité territoriale» dans le bureau de la chaîne à Rabat, en d´autres termes, les opposants issus du Front Polisario, mais aussi tous les intervenants algériens très sollicités par Al Jazeera tel le député Bouguetaya, et les intervenants espagnols qui sont favorables à une solution onusienne au problème du Sahara occidental. L´ancien ministre a indiqué, qu´Al Jazeera n´avait jamais respecté cette clause, ce qui a conduit, d´ailleurs, à l´arrêt de cette rubrique, transférée depuis, à Doha, et qui, aujourd´hui, est animée par des journalistes algériens, comme Wassila Oulmi, Feyrouz Ziani ou encore Messaoud Benrabie, ce qui n´a pas été du goût de Rabat. Elle avait souhaité que des journalistes marocains proches de Rabat soient responsables de cette rubrique comme Abdessamad Nacer ou encore Abdessalam Abou Malik, considérant le traitement, pas toujours équitable. Rabat n´avait pas également apprécié le traitement de la couverture politique des élections législatives de 2007, accusant Al Jazeera d´avoir réservé un traitement de faveur aux islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD). D´ailleurs, il y a quelques jours, Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du PJD avait déclaré que la chaîne qatarie roulait pour l´internationale islamiste. Le traitement des événements de Sidi Ifni en 2008 avait detérioré les relations entre les télévisions de l´Emirat et le gouvernement du Royaume chérifien. L´annonce du décès de huit, puis dix morts parmi les manifestants, a créé une guerre de communication entre Al Jazeera et Rabat. Mais, selon le magazine Tel quel, la goutte qui a fait déborder le vase est indéniablement l´émission «Maâ Haïkal», animée par le journaliste égyptien Mohamed Hassanine Haïkal, dans laquelle il a révélé les relations entre Hassan II et le Mossad. Cette médiatisation oblige les services marocains à prendre plusieurs mesures contre la chaîne qatarie: refus de renouveler les accréditations de deux journalistes de la chaîne et exigence d´une autorisation pour travailler en dehors de Rabat. Au final, Al Jazeera, qualifiée aujourd´hui de télévision rebelle, n´a survécu que quatre ans dans le Royaume. [email protected]