Moncef Marzouki semble avoir le soutien total du gouvernement algérien. «Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été le premier chef d'Etat à féliciter le nouveau président tunisien, Moncef Marzouki», a souligné avant-hier la télévision d'Etat tunisienne. Bouteflika a montré l'exemple à son homologue français Nicolas Sarkozy. «Juste après le président algérien, c'est Nicolas Sarkozy qui a félicité Moncef Marzouki», ajoute la même source. Mais au-delà de l'aspect protocolaire de ce message, il y a une symbolique qui ne fait que témoigner de la fraternité du peuple algérien envers le peuple frère tunisien. On croit même savoir que la première visite d'Etat officielle qu'effectuera Moncef Marzouki sera pour l'Algerie. Quel message aussi fraternel que celui-là? Au fait, ce message démontre que l'Algérie est et restera toujours solidaire avec son voisin tunisien, encore convalescent. Les relations entre les deux pays n'ont jamais fléchi, et cela malgré la Révolution du Jasmin. L'Algérie a de tout temps soutenu le peuple tunisien dans ses choix. Dans les années 1970, alors que la Tunisie était secouée par une grave crise financière, l'Etat algérien n'a pas hésité une minute à venir en aide à son voisin de l'Est. Cela a également été le cas cette année quand la Tunisie a exprimé le besoin rapide de liquidités: le gouvernement algérien a octroyé une aide de 100 millions de dollars, sans intérêt, pour venir en aide à son frère en détresse. L'Algérie s'est également abstenue de profiter du Printemps arabe pour attirer les touristes de son voisin. Conscients que la Tunisie ne vivait que du tourisme, les responsables algériens n'ont pas effectué de campagne de récupération touristique agressive comme l'ont fait les Marocains, et cela par solidarité... Ce n'est qu'un juste retour des choses puisque la Tunisie a été l'anti-chambre de la Révolution algérienne. Beaucoup de membres du Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra) étaient exilés en terre tunisienne. La Tunisie était également une zone de transit et de repli pour l'Armée de libération nationale; les blessés se faisaient même soigner en territoire tunisien. Les armes destinées à la Révolution du million et demi de martyrs y transitaient avant de passer la frontière pour arriver dans les mains des moudjahidine. Les lignes Challe et Morice en sont la meilleure preuve. C'étaient des lignes de défense armée entre l'Algérie et la Tunisie pour bloquer tout accès ou sortie vers la Tunisie. Malgré cela, et avec l'aide des Tunisiens, les moudjahidine arrivaient à les franchir. L'Algérie a aussi reçu le soutien du peuple tunisien pendant la tragédie nationale. La Tunisie était en effet l'un des rares pays, pour ne pas dire le seul, à ne pas fermer ses frontières aux Algériens. Ce qui a permis à un peuple embourbé dans une guerre civile de pouvoir s'évader ne serait-ce que le temps d'un petit séjour, oubliant ainsi la guerre civile qui était en train de ravager son pays. L'Algérie n'oublie jamais ceux qui lui ont fait du bien... L'opposant historique au régime Ben Ali, Moncef Marzouki qui a prêté serment ce mardi 13 décembre 2011 au matin devant les élus de l'Assemblée constituante, et qui s'est engagé à rester fidèle aux objectifs de la Révolution, semble donc avoir tout le soutien de l'Algérie.