600.000 retraités ayants droit directs à la pension perçoivent moins de 15.000 DA L'annonce de cette augmentation est attendue, selon certaines sources, lors du Conseil des ministres prévu ce dimanche. «Près de deux millions de retraités souffrent aujourd'hui de pauvreté après avoir offert la fleur de leurs jours à l'économie nationale», c'est par ces mots que 34 députés, de différentes appartenances politiques, ont interpellé le gouvernement sur la situation des retraités. Dans une motion déposée, mercredi 14 décembre, devant le bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN), les parlementaires parlent carrément de situation catastrophique des retraités. Le secrétaire général de l'Ugta Abdelmadjid Sidi Saïd a indiqué pour sa part que le dossier des retraités est désormais entre les mains du président de la République. «C'est le chef de l'Etat lui- même qui fera l'annonce de l'augmentation de la pension des retraités dans les quelques jours à venir», a déclaré le patron de l'Ugta sur les ondes de la radio. Aussi, on croit savoir que cette annonce sera faite lors du prochain Conseil des ministres prévu demain. En attendant, les parlementaires, à leur tête le député de Bouira Ali Brahimi, montent au créneau. Du point de vue de ces parlementaires, «l'interpellation est une procédure relativement extrême (venant juste après la motion de censure). Elle est prévue par la Constitution et détaillée par les articles 65, 66 et 67 de la loi organique 99-02 régissant les rapports entre le Parlement et le Gouvernement». Ces députés précisent que «plus de 600.000 retraités ayants droit directs à la pension perçoivent moins de 15.000 DA, soit des montants largement inférieurs au Snmg. Que dire des ayants droit indirects au nombre de 910.000!» Le niveau modique des retraites résulte d'abord des salaires relativement bas sur lesquels il est indexé, mais également de la révision de la loi 83-12, qui a réduit le seuil maximum de la retraite à 75% du Snmg alors qu'il était de 100%, ainsi que le gel de l'indemnité du conjoint à charge. Ces dispositions d'austérité avaient été prises sous l'injonction du Fonds monétaire international dans les années quatre-vingt-dix. Sur le même registre, «le gouvernement avait créé, à la même période, les procédures de départ à la retraite anticipée, proportionnelle, etc. Modes qui ont coûté à la CNR plus de cinq cent milliards de dinars sur lesquels le Trésor public ne lui a pas remboursé un seul centime», indique-t-on. Pour les parlementaires, il est inconcevable de ne pas améliorer les revenus des retraités, au moment où le pays est confronté à une «évasion fiscale de l'ordre de 3,6 milliards de dinars, selon le ministère des Finances; que le crime économique a augmenté de 183% selon la Gendarmerie nationale et qu'il thésaurise près de 300 milliards de dollars!» D'ailleurs, ils demandent au gouvernement «d'exposer par-devant l'Assemblée populaire nationale les mesures qu'il compte prendre pour rendre justice dans les plus brefs délais à cette catégorie de notre peuple». Au plan juridique et institutionnel, le Bureau de l'APN est tenu de se réunir dans les 48 heures suivant l'interpellation. «Il convient avec le Gouvernement d'une date pour son audition devant la plénière de l'Assemblée au sujet de cette interpellation. L'audition doit se faire dans les 15 jours suivant l'interpellation», a expliqué encore M.Brahimi. Après avoir essuyé un «coup de force illégal», lors du vote de la loi de finances 2012, contre l'amendement de M.Brahimi traitant cette situation, les parlementaires reviennent à la charge dans le but d'obliger le gouvernement à trouver une solution sérieuse qui rétablisse un tant soit peu «la dignité de nos retraités et redonne à la CNR ses droits légitimes», a estimé M.Brahimi.