«De telles revalorisations de 15 à 30% ne sont, en fait, qu'un rattrapage.» Largement déçue par la dernière tripartite, la catégorie des retraités, s'estimant lésée dans son mérite, n'a pas vraiment tiré satisfaction de cette mesure spéciale. Intervenant hier, à la radio, le secrétaire général de la Fntr, a déclaré «la non-satisfaction des retraités de cette augmentation dans la mesure où ils revendiquent une revalorisation allant de 15 à 40% avec effet dégressif». «De telles revalorisations de 15 à 30% ne sont, en fait, qu'un rattrapage», a estimé de son côté Ahmed Kadiri, secrétaire national de cette fédération affiliée à l'Ugta. Toutefois, la fédération des retraités est confortée dans sa revendication relative à l'application de l'article 16 de la loi 83-12, abrogé par l'article 4 de la loi 93.03, fixant la pension minimum à 100% du Snmg en lieu et place de 75%. Certes, la décision de revalorisation du dernier Conseil des ministres consacre le retour à ce droit acquis, mais il n'en demeure pas moins que ces derniers décrient aussi «le gel, depuis plusieurs années, de l'indemnité de la femme à charge». S'estimant touchés par l'austérité, ils réclament également «l'application de la loi sur les retraites notamment dans son article 43 qui prévoit l'actualisation du point indiciaire des pensions attribuées depuis 1984 à ce jour». «L'échelle des valeurs et du mérite n'est pas respectée», déplore M. Kadiri qui exige aussi l'actualisation des anciennes pensions octroyées entre 1984 et 1996. «Sur les 2,2 millions de pensions de retraites, 2 millions d'entre elles n'ont pas été actualisées», selon l'invité de la radio. Au total, il n'y a que 88.000 pensions qui dépassent 50.000 dinars par mois, 600.000 pensions sont à moins du Snmg (15.000 dinars). 910.000 pensions de réversion des ayants droit sont à moins de 10.000 dinars, indique-t-on. Le gouvernement a donné dimanche son feu vert au relèvement à 15.000 dinars (150 euros) de toutes les pensions et allocations de retraite inférieures à ce montant dès le 1er janvier 2012. Selon un communiqué du Conseil des ministres, le gouvernement accorde ce relèvement aux retraités salariés et non salariés. Près de 2400.000 salariés et non-salariés retraités bénéficieront de ces mesures financées par l'Etat et dont le coût annuel sera de plus de 63 milliards de dinars, soit l'équivalent de 630 millions d'euros. Il a été décidé une augmentation variant par paliers de 28% à 24% pour les pensions et allocations de retraite dont le montant est supérieur à 30.000 DA et inférieur à 40.000 DA et une augmentation à 15% pour celles dont le montant est égal ou supérieur à 40.000 DA. Pour rappel, les deux dernières revalorisations des pensions de retraites sont intervenues en 2006 et 2009. La dernière majoration annuelle des pensions a été fixée à 10% en mai dernier. Récemment, une décision de créer un fonds de réserve des retraites a été prise par le président de la République. Ce fonds, qui est alimenté à hauteur de 3% de la fiscalité pétrolière, dispose de plus de 146 milliards de dinars. En outre, deux taxes ont été instaurées pour alimenter le compte de la CNR. Il s'agit de la taxe sur le tabac et une autre fixée à 5% sur les bénéfices sur l'importation des médicaments. Par ailleurs, 34 députés, de différentes obédiences politiques, ont déposé, le 14 décembre dernier, à l'initiative de Ali Brahimi, député indépendant, une résolution portant interpellation du gouvernement sur la situation des retraités. Du point de vue de ces parlementaires, le niveau modique des retraites résulte d'abord des salaires relativement bas sur lesquels il est indexé, mais également de la révision de la loi 83/12 qui a réduit le seuil maximum de la retraite à 75%. Pour ces députés de l'APN, les procédures de départ à la retraite anticipée, proportionnelle,etc., ont coûté à la CNR plus de 500 milliards de dinars sur lesquels le Trésor public ne lui a pas remboursé un seul centime. Enfin, le bureau de l'APN a décidé, au cours d'une réunion tenue dimanche dernier, d'informer le Gouvernement d'une résolution portant son interpellation sur la situation des retraités et de la Caisse nationale des retraites.