Les islamistes ont fait beaucoup de mal. Désormais, les Algériens sauront faire la part des choses en jugeant les actes et non les discours. Nacer Djabi, sociologue, et Abdelaziz Rehabi, ancien ministre, ont animé une conférence à Alger sur le thème des mutations en Algérie et dans le Monde arabe. Trois scénarios ont étés développés pour faire sortir le pays de l'impasse politique qui perdure en Algérie depuis plus de 20 ans. Mais à condition que les centres de décision soient à la hauteur de la mission pour faire sortir l'Algérie de l'instabilité politique en amorçant un changement pacifique et courageux. Le premier scénario dit «souple» repose sur la responsabilité morale et historique de la première génération qui doit reconnaître l'exigence du changement du système politique et de gouvernance, et ce, en acceptant la transition politique sans violence. Le deuxième scénario, qui est à connotation de changement violent, fait référence aux révoltes des peuples arabes, et d'autre part, l'idée de l'émergence d'une élite courageuse ayant la lucidité politique et économique pour le changement, tout en prenant en compte l'ensemble des forces vives qui luttent pour le principe de l'alternance démocratique de manière pacifique. Quant au troisième scénario qui est le plus dur et même regrettable, c'est l'arrivée d'une troisième génération qui ne pourra pas se reconnaître dans son identité, culture, histoire et autres valeurs nationalistes, et qui ne recule devant rien. Preuve à l'appui, la perte des valeurs inhérentes à l'esprit nationaliste de la troisième génération, sera due selon les conférenciers, à la formation de l'opinion publique algérienne par les médias étrangers, ce qui pourra marquer une rupture radicale entre générations. La fermeture des médias lourds et la stigmatisation de la presse nationale aux Algériens, ont conduit à un déphasage total entre la réalité et la politique du pays. «La perte de confiance entre générations, explique l'existence d'un grave conflit de générations qui pousse au pire et aux révoltes», selon les conférenciers. Nacer Djabi, sociologue, et Abdelaziz Rehabi ex-ministre de la Communication, qui ne sont plus à présenter sur la scène politique nationale, dans un esprit de neutralité positive, ont critiqué les différentes voix qui jouent la carte du temps afin de sauver le système politique qui règne depuis 1962, et ce, malgré tous les échecs, la violence qui a marqué le pays depuis les années 1980 et autres exigences de changement. «L'opposition pour l'opposions n'a pas de sens politique. La fuite en avant est très dangereuse pour le pays», ont-ils souligné. Répondant à la question de la crédibilité des prochaines élections législatives de 2012, les conférenciers ont affiché un pessimisme révélateur. «Nous doutons d'une forte abstention en raison des divergences qui marquent l'ensemble des forces politiques, y compris le FLN au pouvoir et autres partis islamistes», a souligné M.Djabi. De son côté, Abdelaziz Rahabi a souligné que l'accès au pouvoir tel que pratiqué actuellement, signifie l'accès aux richesses du pays d'où les luttes intestines au sein même du pouvoir et de la classe politique actuelle. «Les révoltes arabes jusqu'à présent ne sont pas expliquées de manière exacte. Il y a ceux qui les qualifient d'événement, de soulèvements et autres», dit-il. La seule révolution qui mérite le qualificatif révolutionnaire dans le monde, c'est la révolution algérienne, qui a pris en considération l'ensemble des composantes du pays. Il n' y a qu'à se référer aux valeurs du pays depuis la préhistoire pour pouvoir comprendre et construire l'Etat de droit, loin de tout esprit de chauvinisme. «Le dialogue doit être instauré de manière pérenne entre les Algériens, afin de savoir où l'on va», a-t-il ajouté. S'agissant de la nouvelle donne islamiste qui gagne de plus en plus le terrain, à commencer par les pays voisins qui ont connu l'avancée des islamistes, en Algérie, la question se pose autrement. Les islamistes ont fait beaucoup de mal dans le pays. Un jour ou l'autre, les Algériens sauront faire la part des choses en jugeant les actes et non les discours.