«Les jeunes sont tous susceptibles de succomber à la tentation dans les années, voire les mois à venir.» «Le harraga est le résultat évident de l'échec de la société». C'est ce qu'a confirmé le professeur Nacer Djabi, mardi dernier, lors d'une conférence-débat organisée à la Bibliothèque nationale. La majorité des jeunes Algériens souffrent de leur situation précaire dans la société. En outre, le professeur a estimé que la mal-vie et l'échec social en sont les premiers facteurs. Il a expliqué que les tabous de la société algérienne, notamment la sexualité, sont devenus la préoccupation de ces jeunes qui n'ont d'autre choix que de partir à tout prix. Des tabous qui pèsent lourd sur la vie de ces jeunes. Le sociologue a estimé que les jeunes ont un retard d'environ 15 ans dans ce domaine. «C'est ce qui les pousse à partir, même au risque de leur vie.» Selon lui, «il faut tenter de briser le tabou en apprenant aux jeunes à parler de leur sexualité, anonymement parfois, mais sans fausse pudeur. La sexualité est un concept qu'il faut envisager en tant qu'acte relationnel et social». Par ailleurs, il a souligné que près de 61% des Algériens sont des jeunes vivant dans les villes. Tous sont susceptibles de succomber à la tentation de partir dans les années voire les mois à venir. Ainsi, le nombre de jeunes Algériens qui menacent de recourir à l'émigration clandestine serait illimité. Une situation qui peut s'aggraver dans une société qui se délite, selon M.Djabi. Le phénomène de harragas n'est pas une surprise mais juste une conséquence de la mal-vie en Algérie, selon le professeur. Le manque de communication et d'éducation sont aussi une des raisons à cette dérive de nos jeunes. Un tragique destin, une souffrance au quotidien qui n'a de remèdes pour eux que l'Occident, a-t-il ajouté. Il faut souligner que ces jeunes qui embarquent dans les «vaisseaux de la mort» sont obligés de fournir des sommes colossales pour rejoindre l'autre rive. Dans cette optique, le professeur a expliqué que le harraga est un personnage qui cherche une autre culture et un autre mode de vie. Pour lui, le pays accuse un retard flagrant quant à l'intégration de la jeunesse. Un projet d'intégration, c'est la formule magique pour contrer ce fléau, a proposé M.Djabi. Selon un autre intervenant, Nourdine Ben Braham, le commandant des Scouts musulmans algériens (SMA), «l'Algérie a un problème plus complexe. La société a démissionné de sa fonction qui est l'éducation». M.Djabi a estimé que les jeunes Algériens sont aussi marginalisés par leurs propres parents. C'est ce qui les pousse vers la violence et le terrorisme.