Le chef de l'Etat à l'ouverture de l'année judiciaire (photo archives) Le Président assure que les prochaines élections aboutiront à une démocratie qui réunit tous les éléments nécessaires pour rétablir la confiance entre le citoyen et les institutions. «Le peuple algérien est soucieux de son indépendance et de sa souveraineté. Il refuse que les choses lui soient dictées.» C'est en ces termes que le Président Bouteflika répond aux partisans du soulèvement populaire en Algérie. Pour le chef de l'Etat, qui s'exprimait hier à Alger à l'occasion de l'ouverture officielle de l'année judiciaire 2011-2012, les Algériens décident souverainement de leur avenir et n'attendent pas que les choses leur soient dictées par certaines voix qui s'élèvent à l'intérieur du pays ou celles qui parviennent de l'étranger. Abdelaziz Bouteflika refuse qu'on parle «d'exception algérienne». Il insiste, dans son discours prononcé à cette occasion, pour dire qu'il n'existe pas une exception algérienne, et l'Algérie n'est pas prête à revivre les mêmes expériences que celles vécues depuis des années. Pas d'exception algérienne «Des voix se sont élevées ici et là pour s'interroger si l'Algérie faisait partie de son environnement ou restait en dehors de celui-ci. L'Algérie fait partie de ce monde qui l'entoure. Elle influe sur ce monde, mais également elle est influencée par ce qui se passe autour d'elle», a-t-il dit. Et de préciser: «L'Algérie n'est pas prête à revenir sur des expériences qu'elle a vécues depuis des années.» L'occasion s'est offerte au chef de l'Etat pour lancer des messages cryptés en direction de l'étranger et même de l'opposition nationale. Indirectement, il estime que les réalisations qui restent à faire par l'Algérie en matière de démocratie, interviendront d'une façon pacifique et surtout elles seront souverainement imposées par le peuple algérien et non pas par ces voix qui s'élèvent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Par la même occasion, M.Bouteflika a rappelé que le peuple algérien a arraché son indépendance par l'action armée et au prix de lourds sacrifices en vies humaines. Défendant ces sacrifices, il affirme que l'Algérie ne cherche pas à faire du marchandage au prix de son indépendance. «Nous ne marchandons pas avec notre indépendance et nous n'avons pas le droit de le faire», a-t-il dit. L'Algérie fait son apprentissage En termes de pratique démocratique, le chef de l'Etat estime que l'Algérie a une expérience récente dans ce domaine. Il fait savoir que les insuffisances et autres déficits qui pourraient être relevés dans la pratique démocratique algérienne seront corrigés et réalisés d'une meilleure façon. «Pour ceux qui nous critiquent, de l'Algérie ou de l'étranger, nous dirons que nous sommes au début du chemin. Il se pourrait qu'il y ait des insuffisances, ou des lacunes, (en matière de pratique de la démocratie, Ndlr). Il se pourrait qu'il ait, encore, des étapes non encore franchies. Mais elles vont intervenir étape par étape, d'une façon pacifique et elles seront imposées par notre peuple qui n'a confiance qu'en ses propres réalisations», a-t-il dit. De ce point de vue, le président de la République refuse de comparer l'Algérie à la Grande-Bretagne ou à la France en matière de démocratie. «Il n'y a pas lieu de nous comparer à la Grande-Bretagne ni à la France. Ces pays nous ont devancé dans l'expérience démocratique par des siècles. On ne peut pas nous faire des reproches, car nous ne sommes que des apprentis en démocratie. Nous ne sommes qu'au début du chemin», a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat dit que l'Algérie pourrait apprendre des expérience des autres et en tirer des leçons, «mais nous les adaptons selon les données de notre pays et selon nos traditions politiques», a-t-il précisé. «Les petits partis» Revenant sur la création de nouveaux partis politiques, le chef de l'Etat annonce qu'il y aura bel et bien de nouvelles formations avant les prochaines élections législatives. Après avoir défendu qu'en démocratie certains partis peuvent être mieux représentés que d'autres, le chef de l'Etat ajoute que les partis qui seront agréés n'auront qu'à prouver leur poids aux élections. «Si la démocratie signifie l'existence de petits partis, soit qu'il y ait de petits partis. Que ceux-ci prouvent leur poids aux différentes échéances électorales. Le scrutin est le véritable baromètre de toutes les forces politiques. Je ne peux me permettre, ainsi, de juger ni les uns ni les autres», a-t-il dit. Et de confier avoir constaté que «des voix s'élèvent à chaque fois que ces formations perdent leur poids sur la scène politique». Le chef de l'Etat juge impératif que les partis retrouvent la crédibilité populaire. M.Bouteflika précise qu'il s'exprime au nom d'aucun parti, mais il le fait au nom du peuple algérien. Les réformes politiques Abordant les réformes engagées par l'Algérie, il estime qu'elles sont celles du peuple algérien. Il défend que ces réformes puissent être partagées par certains partis et non par d'autres qui se trouvent même au sein du gouvernement. Allusion faite au MSP de Bouguerra Soltani? Les députés de ce parti ont voté contre les projets proposés par le gouvernement. Le chef de l'Etat perçoit en cette démarche «une action démocratique». Elections législatives Evoquant les prochains échéances électorales, Abdelaziz Bouteflika annonce que le pays ira vers d'importantes élections qui laisseront transparaître des horizons où régnera la démocratie qui «réunit tous les éléments nécessaires». «Nous allons vers d'importantes échéances politiques qui laissent transparaître des horizons où régnera une démocratie qui réunit tous les éléments nécessaires et qui permettra de rétablir la confiance entre le citoyen et les institutions parlementaires à tous les niveaux», a-t-il souligné. Et de faire assumer à l'appareil judiciaire un rôle prépondérant pour faire aboutir le processus global de réformes. «Tout un chacun sera soumis au contrôle de la justice et devra par conséquent, se plier à ses décisions dans tout ce qui a trait aux échéances nationales ou à l'exercice d'un des droits fondamentaux ou autres», a-t-il dit. Pour le chef de l'Etat «l'Administration n'est pas soustraite à ce contrôle ni à l'obligation d'appliquer les décisions de la justice. Tous les droits, libertés, autorités et prérogatives seront exercés dans le strict respect de la loi et sous le contrôle de la justice». M.Bouteflika estime que le recours aux magistrats dans la surveillance des élections, qui s'établira lors des prochaines échéances, va consacrer leur rôle dans l'ancrage de la démocratie, de la transparence et de la concurrence libre et régulière entre les différentes forces politiques.