Après avoir affirmé son attachement aux réformes politiques engagées en avril dernier, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est revenu hier sur l'importance des prochaines échéances électorales, la nécessité de les organiser dans la transparence et leur assurer une crédibilité avec la participation de la classe politique ainsi que le renforcement du rôle de la justice. Le chef de l'Etat a saisi l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire pour répondre aux multiples critiques prononcées sur le processus des réformes, les choix opérés et la situation de la démocratie en Algérie. «Nous sommes encore en début de chemin», a-t-il indiqué. «Je ne dis pas que nous avons traversé toutes les étapes, mais nous sommes encore en début de chemin de la construction des piliers de la démocratie. Il n'y a pas lieu de nous comparer à la France et à la Grande- Bretagne qui nous ont précédé depuis plusieurs siècles dans ce domaine. Si nous sommes en retard, il ne faut pas nous en vouloir ou nous critiquer», a dit le chef de l'Etat dans une bonne partie improvisée de son discours prononcé au siège de la Cour suprême. «Il y a peut-être des lacunes, un blocage, des étapes que nous n'avons pas encore atteints, mais ça va venir doucement, étape par étape et avec la volonté du peuple», ajoutera le chef de l'Etat. A propos de la place de l'Algérie dans la mouvance du printemps arabe, il s'est déclaré intransigeant : «L'Algérie ne reviendra pas aux expériences qu'elle a vécues depuis plusieurs années», a-t-il réaffirmé. «J'ai entendu des voix parler de l'exception algérienne dans ce monde, je dirai que l'Algérie fait partie de ce monde. Elle influence et s'influence», a encore affirmé le chef de l'Etat. «Le peuple algérien tient à sa souveraineté. Il ne reçoit pas les ordres de l'extérieur», a dit le président Bouteflika, rappelant que «c'est un peuple qui a arraché son indépendance par la lutte et les grands sacrifices. Nous n'avons pas le droit à la surenchère lorsqu'il s'agit de l'indépendance». «La justice pour garantir des élections crédibles» Le chef de l'Etat estime que «les élections législatives doivent être nécessairement crédibles». Selon lui, la dominance d'une formation politique sur la scène n'est pas un signe d'exclusion du pluralisme politique. «Il y a de grands partis politiques et de par leur ancrage populaire, ils sont plus importants que d'autres», a-t-il souligné, faisant référence au FLN objet de multiples critiques depuis quelque temps. Il a appelé, dans ce contexte, à la participation des petits partis politiques dans les prochaines joutes électorales. «Laissons les petits partis prouver leur force à travers les urnes, qui sont le seul paramètre de la crédibilité de la pratique démocratique», dira le chef de l'Etat qui a appelé à plus d'ouverture à l'égard des partis et de la société civile qui «à chaque fois que leur poids diminue, leurs voix s'élèvent». Selon le chef de l'Etat, le rôle du pouvoir juridique pour garantir des élections transparentes, réhabiliter la confiance entre le citoyen et les instances élues et faire aboutir le processus des réformes à ses objectifs est indiscutable.»Tout le monde sera soumis au contrôle de la justice et respectera ses décisions dans tout ce qui a trait aux élections ou à l'exercice des droits politiques et autres», a clamé le chef de l'Etat. «L'administration, a-t-il poursuivi, n'est pas exclue de ce contrôle et de son engagement à faire exécuter les décisions de la justice. Les droits, les libertés, les pouvoirs et les prérogatives seront exercés dans le cadre du respect de la loi et sous le contrôle de la justice», dira le chef de l'Etat.