C'est un véritable discours-programme qu'a prononcé, mardi, le Président face aux 48 walis. Le Président a assuré, mardi, une réunion avec les 48 walis du pays en présence du ministre de l'Intérieur et de nombreux membres du gouvernement, à commencer par Ali Benflis. La rencontre, qui a duré 8 longues heures non-stop, a été une occasion unique pour Bouteflika, la première depuis 62, a-t-il tenu à expliquer, d'aller vers une sorte de grand déballage. «C'est une réunion unique en son genre qui a permis de procéder à une évaluation de la situation avec clarté et transparence», a-t-il souligné avant d'ajouter, abondant dans le même sens, qu'«il faut expliquer aux Algériens l'état du pays dans les différents domaines avec clarté, franchise et vérité». Conscient, sans doute, de l'énormité des enjeux, nécessitant forcément une prise de conscience collective et une mobilisation maximum, le chef de l'Etat a ajouté que «les partis politiques, la société civile et les médias publics et privés ont vocation de contribuer à éduquer les citoyens et leur permettre d'avoir une meilleure lisibilité du présent et de l'avenir de leur pays». A ce sujet, précisément, M.Bouteflika n'a guère mâché ses mots en abordant l'important sujet des élections locales en particulier, et du droit du peuple à exercer pleinement ses droits et sa souveraineté en particulier. «Des voix se sont élevées pour nous convaincre de renoncer aux élections législatives (...) Des voix se sont élevées également pour nous convaincre de renoncer aux élections locales.» Par-delà le respect des échéances électorales, sur lequel insiste le Président, il est ce fait que ces voix, dans leur quasi-intégralité, sont loin d'être représentatives de la société algérienne. Admettant que les choses ne sont pas pour le mieux en matière démocratique même si des progrès notables sont enregistrés, le chef de l'Etat a mis un bémol à ce genre d'appels, ainsi qu'à d'autres, particulièrement graves tels que les appels lancés à l'armée pour démettre Bouteflika d'un mandat que lui a officiellement donné le peuple: «Tant que la souveraineté appartient au peuple, il faut qu'il l'exerce. Il faut qu'il apprenne à l'exercer progressivement. Si le citoyen a des droits, il faut qu'il respecte ce qu'il a comme devoirs.» Ici, aussi, l'allusion paraît assez claire par rapport au vote. Le meilleur moyen de faire en sorte que la fraude soit la plus faible possible, c'est d'aller voter massivement. Cela empêchera, en outre, les partisans du retour vers une autre phase de transition (leur seul moyen de prendre le pouvoir en somme) de continuer à presser l'ANP de reprendre le pouvoir pour le leur remettre sur un plateau d'argent. Pour ce qui est de la situation qui prévaut dans le pays, le Président, dans un langage diplomatique, mais assez clair, a cloué au piloris les walis, mais aussi l'ensemble des responsables locaux qui, dans le but manifeste de gérer leur carrière, refusent de prendre la moindre décision et se contentent de discours pompeux et creux. Le chef de l'Etat, qui rappelle que ces responsables sont les représentants de l'Etat dans leur localité, leur signifie clairement que «le wali n'a pas vocation de théoriser ou de faire des diagnostics, mais de prendre des décisions et régler des problèmes au niveau de sa wilaya. Le gouvernement est responsable de l'Exécutif. Le wali, lui, est responsable de la prise en charge des problèmes de sa wilaya et il est tenu de les prendre en charge.» Ce discours, bien plus que la rencontre elle-même, apparaît comme un véritable discours-programme venu remettre les pendules à l'heure et sonner l'heure de la fin de la récréation et de l'obligation de résultats pour chaque responsable.