Monsieur le président, vous venez d'être réélu à la tête du Front Polisario. Qu'en est-il de vos appréciations du congrès? En effet, je viens d'être réélu dans des conditions démocratiques et fraternelles par le XIIIe Congrès au poste de premier secrétaire général du Front Polisario. Le présent congrès a été marqué par des débats constructifs et démocratiques, qui d'ailleurs, ont fait de leur principale priorité: l'indépendance du peuple sahraoui, l'autodétermination du peuple sahraoui, et l'achèvement du processus de décolonisation. Notre congrès est une réussite et ce, pour diverses raisons. D'abord, c'est une réussite du fait du nombre de participants qui y ont pris part, du fait que notre XIIIe Congrès se tient dans les territoires de la République arabe sahraouie et démocratique (Rasd), du fait qu'il est sécurisé par les forces de l'Armée de libération du peuple sahraoui, mais aussi et surtout du fait de la participation d'une grande délégation venue des territoires occupés par le colonisateur marocain, c'est-à-dire la présence parmi nous de militants et militantes sahraouis, activant dans le cadre de l'Intifadha de l'indépendance. L'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, visitera la région avant avril 2012, dans l'intention d'organiser un autre round de négociations entre les Sahraouis et les Marocains. Quel est votre commentaire à ce sujet? La République arabe sahraoui et démocratique a déploré et déplore encore la position marocaine, qui a de tout temps bloqué les négociations. Pire que cela, le Maroc a violé les droits de l'homme et s'oppose à la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) pour constater, observer et veiller au respect des droits de l'homme. Cela dit, de la politique marocaine, il est connu que l'occupant marocain bloque tous les efforts de la communauté internationale, en l'occurrence les initiatives des Nations unies portant sur l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Pour preuve: il était prévu même le mois d'octobre dernier à ce qu'il y ait des négociations, néanmoins le gouvernement marocain a fait échouer ces négociations. Aujourd'hui, l'Envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, nous a, en effet, informés de ses intentions d'organiser au mois de février prochain un nouveau round de négociations. Ce jour-là, nous allons voir, s'il y a réellement une volonté ou des progrès dans la position marocaine, ou elle bloquera encore les négociations pour qu'elles ne puissent pas aboutir aux résultats escomptés. Le Parlement européen a rejeté la demande de renouvellement de la convention de pêche entre le Maroc et l'UE. Hier, le Congrès américain a, à son tour, mis en avant le préalable du respect des droits de l'homme pour toute aide financière militaire au Maroc. Qu'en est-il de la réaction de la République arabe sahraouie et démocratique? Les positions du Parlement européen rejetant la demande du renouvellement de la convention de pêche entre le Maroc et l'Union européenne et celle de la décision américaine qui met en avant le préalable du respect des droits de l'homme pour toute aide militaire au Maroc constituent une véritable victoire pour le peuple sahraoui. Cette décision courageuse du Congrès américain représente en même temps la volonté des autorités américaines d'apporter un plus au combat du peuple sahraoui, quelques jours après le refus du Parlement européen de prolonger l'accord de pêche avec le Maroc et le pillage des richesses du peuple sahraoui. Maintenant que vous êtes réélu à la tête du Front Polisario et en tant que président de la République arabe sahraouie démocratique, quelles sont vos priorités notamment au plan régional, où l'instabilité provoquée par les réseaux de contrebande et le terrorisme monte crescendo? L'insécurité et l'instabilité dans la région, notamment dans la sous-région (Sahel) ont liées aux réseaux de trafics, de contrebande armée, mais aussi au terrorisme. Ce sont des phénomènes complémentaires liés les uns aux autres. De notre côté, nous organisons notre congrès durant lequel nous allons oeuvrer pour nous protéger par tous les moyens légaux. Nous travaillerons à ce que la République arabe sahraouie démocratique puisse faire face à ces menace, en travaillant avec les pays de la région. Pour ce qui est de la déstabilisation dans la région, celle-ci est à l'origine de la politique coloniale du Maroc et de ses activités encourageant les réseaux de contrebande de tout bord. Aujourd'hui, le Maroc envahit par sa drogue la région. Il est le premier producteur et exportateur de drogue (le hachich). Le Maroc est la source du mal dans la région. Il gagne à cet effet quelque 15 milliards de dollars annuellement, d'où il encourage tous les réseaux de contrebandiers et de narcotrafiquants. C'est autour de ce phénomène que se constituent toutes les bandes armées et de criminels, qui se conjuguent avec les groupes terroristes au Sahel. C'est ce qui rend, aujourd'hui, la situation plus difficile et plus vulnérable au Sahel. Par conséquent, nous appelons la communauté internationale à faire de fortes pressions sur le Maroc pour arrêter sa politique déstabilisatrice et destructive dans toute la région. De notre côté, nous travaillerons avec les pays de la région pour assurer la stabilité dans notre région et ce, dans le cadre de la légalité internationale.