La décision prise par le Conseil des ministres tombe comme un cheveu dans la soupe et ouvre la voie à de multiples interrogations. Le gouvernement vient de décider de l'allocation d'un million de DA pour chaque famille sinistrée dont le logement a été complètement détruit par le séisme du 21 mai dernier. Cette somme, à laquelle sera adjoint un prêt de 500.000 et un millions de DA à taux bonifié, respectivement de 1 et 2%, est destinée aux citoyens qui refusent les logement sociaux locatifs proposés par l'Etat. Cette mesure que personne n'attendait sonne, selon certains observateurs comme un aveu d'échec des pouvoirs publics. En effet, ayant constaté que de nombreux sinistrés ont catégoriquement refusé de rejoindre les habitations proposées par l'Etat dans le cadre du relogement, les décideurs voient les mesures prises aboutir une à une vers une impasse. Ainsi, les voix commencent à s'élever pour critiquer la solution des chalets et autres cabines sahariennes, proposée par Ouyahia, histoire de tenir la promesse faite par Bouteflika aux sinistrés qu'ils ne passeront pas l'hiver sous les tentes. L'exiguïté des baraquements, dont la superficie ne dépasse pas les 36 m², est en fait, l'argument essentiel des sinistrés qui, pour bon nombre d'entre eux, refusent du palliatif préconisé par le chef du gouvernement. Ce dernier, n'ayant trouvé aucune alternative concrète, sort son carnet de chèques et distribue des sommes d'argent, estimé comme étant en deçà de la réalité du marché immobilier national. En effet, le million de DA offert par le gouvernement n'est pas à même de garantir un logement décent aux éventuels bénéficiaires. Le prêt bancaire octroyé ne semble pas répondre au voeu des intéressés, pour la simple raison qu'il constitue un fardeau financier extrêmement important pour les ménages. Ces derniers ont développé une réaction de crainte, du reste légitime, par rapport à cette formule. Celle-ci est à même de régler le problème du relogement, mais laisse le problème de la stabilité entier, au sens que la contrainte du remboursement est vu comme un facteur favorisant l'instabilité. Les pères de famille qui, pour la plupart sont des travailleurs aux salaires moyens, refusent d'hypothéquer l'avenir de leurs enfants dans un prêt bancaire. Au-delà de la critique formulée par les sinistrés à cette solution de dernière minute, il y a lieu de signaler, le caractère surprenant de celle-ci. En effet, la décision prise par Conseil des ministres, outre le fait que personne ne l'attendait, intervient comme un cheveu dans la soupe du gouvernement qui, au lendemain du séisme, avait donné des assurances et mis en branle tout un plan censé rétablir la situation dans les zones sinistrées. Or, il semble que la démarche du gouvernement n'ait pas été perçue comme il l'aurait souhaité. Les récentes manifestations de rue des citoyens illustrent, si besoin est, l'échec du pouvoir à maintenir le moral des sinistrés. Ces derniers donnent l'impression de ne plus croire au discours du pouvoir et désespèrent de voir leur calvaire prendre fin effectivement. Un état de fait qui n'est pas pour arranger les affaires du chef de l'Etat qui aura à gérer, dans les retombées du séisme une situation explosive sur le double plan de la sécurité et du politique. En faisant sa promesse aux sinistrés, Bouteflika entendait sans doute, faire la preuve de la capacité du gouvernement nommé la veille du séisme, à surmonter une épreuve difficile consécutive à un phénomène naturel dévastateur. Mais voilà que des pluies automnales réduisent les espoirs électoraux du Président de la République.