Aujourd'hui s'ouvre à New York, la 58e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Plus de 80 chefs d'Etat et de gouvernement, dont le Président algérien, M. Abdelaziz Bouteflika, assisteront à partir d'aujourd'hui aux travaux de la 58e session ordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU. Malmenée l'année dernière par les Etats-Unis, qui l'ont sommée d'agir contre Saddam Hussein, l'ONU se révèle, au détour des difficultés qu'éprouvent les USA à «pacifier» l'Irak, et à venir à bout des opposants à l'occupation coalisée. L'Organisation des Nations unies, que Washington avait traité de haut en septembre de l'année dernière, se voit ainsi sollicitée par le président Bush dans l'objectif d'aider la coalition à restaurer la sécurité et l'ordre en Irak. C'est essentiellement l'appel que fera aujourd'hui George W.Bush lors de son discours, devant les membres de l'Assemblée générale des Nations unies. Ainsi, comme il l'indiquait, le 7 septembre, le président américain a l'intention de demander à la communauté internationale d'aider économiquement et militairement les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, -les forces occupantes de l'Irak-, eu égard aux difficultés récurrentes rencontrées depuis cinq mois en Irak. Le président Bush avait ainsi affirmer dans son allocution télévisée à la nation que «les membres des Nations unies ont maintenant l'occasion et la responsabilité de prendre les dispositions nécessaires pour permettre à l'Irak de devenir un pays libre et démocratique». Certes, mais force est pourtant de relever que ce discours conciliant de la part de la superpuissance américaine, n'est venu qu'après le constat pour ainsi dire qu'il ne suffit pas d'être la première puissance mondiale pour estimer disposer de tous les droits. Et c'était bien le cas le 12 septembre 2002 lorsque le même George W.Bush, du haut de la tribune des Nations unies avait sommé le Conseil de sécurité de l'ONU «d'agir contre Saddam Hussein, sous peine de perdre sa raison d'être», quand la communauté internationale voulait que les choses se passent dans la légalité internationale et conformément à la charte de l'ONU. Charte que les Etats-Unis, sûrs de leurs droits, avaient allégrement piétinée. On s'attend à ce que les Etats-Unis présentent au vote du Conseil de sécurité un nouveau projet de résolution dans laquelle un rôle sera départi à l'Onu dans la mise en place d'une force de paix internationale placée, toutefois, sous commandement américain. S'il apparaît que les principaux opposants au cavalier seul américain, - telles la France et l'Allemagne - soient maintenant prêts à ne pas s'opposer à la résolution américaine, demeure la question de la rétrocession aux Irakiens de la souveraineté politique, de même que le rôle exact qu'aura à assumer l'ONU dans ce pays. Lors d'un mini-sommet en début de semaine à Berlin, le chancelier allemand, Gerhard Schröder, le président français, Jacques Chirac et le Premier ministre britannique, Tony Blair, avaient quelque peu rapproché leurs positions sur l'Irak. Même s'il subsistent des divergences entre eux. Ainsi, Tony Blair a déclaré «Nous connaissons nos divergences, (....) mais «nous voulons tous qu'il y ait un transfert vers un gouvernement démocratique le plus rapidement possible». Le président français qui estime pour sa part que le transfert «doit être une question de quelques mois» rappelait que sur les «modalités et le calendrier, nous ne sommes pas d'accord» (avec les Etats-Unis, lesquels veulent prendre tout leur temps avant de céder le pouvoir aux Irakiens). Le chancelier allemand insiste lui pour «(...) qu'un rôle significatif incombe à l'ONU». Une ONU qui s'avère être en fait le dernier recours comme a bien dû l'admettre Washington. Et le projet de résolution que les Etats-Unis vont proposer atteste de cet état de fait: les Nations unies sont incontournables dans la prise en charge des problèmes inhérents à la paix et à la sécurité dans le monde. Toutefois, comme l'indique l'ambassadeur allemand auprès de l'ONU, selon lequel «sans aucun doute le texte américain sera adopté» explique toutefois que «la véritable question est de savoir s'il sera mis en oeuvre et s'il permettra aux Etats-Unis d'obtenir ce qu'ils veulent». Pour sa part, un diplomate, sous le couvert de l'anonymat, affirme que les Etats-Unis «ne peuvent forcer personne à envoyer des troupes et à fournir des fonds». C'est dire l'ambiance qui règne au siège des Nations unies où Washington, qui a abusé de sa puissance, vient solliciter la communauté internationale de lui venir en aide. A l'ONU, un autre problème récurrent retiendra l'attention de l'Assemblée générale, celui du sida qui sera à nouveau à l'ordre du jour. C'est encore l'Afrique, la plus touchée par cette pandémie, qui sera au centre des débats. Le fait patent qui reste cependant à souligner est que, malgré les décisions prises l'an dernier par l'Assemblée générale de l'ONU, peu de choses ont été faites en réalité pour endiguer l'avancée du VIH cause de l'expansion du sida dans le continent noir. Ainsi, Stephen Lewis, représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a dénoncé avec virulence, dimanche, l'attentisme des pays riches, indiquant: «Comment est-ce possible qu'en 2003, alors que nous trouvons 200 milliards de dollars pour mener la guerre contre le terrorisme, nous ne puissions pas trouver l'argent pour éviter à ces enfants (Africains) de vivre dans la terreur et que nous ne puissions pas procurer de traitement antiviral à tous ceux qui en ont besoin en Afrique». Affirmant: «Ce double traitement constitue l'obscénité grotesque du monde moderne». Relevant que quinze millions de personnes sont mortes du sida en Afrique, et que les trois quarts des malades du sida, soit plus de vingt-neuf millions de personnes, vivent en Afrique, Stephen Lewis s'indigne: «Je suis enragé par le comportement des puissances riches (...), comment, par négligence, elles ont aggravé la situation en Afrique». Il est vrai que l'argent est rare lorsqu'il s'agit d'aider les pays en développement avec une note aggravante si l'on ajoute le spectacle honteux donné récemment par l'OMC où se négociaient entre autres les prix, - au demeurant prohibitifs pour les Africains -, des médicaments contre le sida. En fait, la question qui se pose est de savoir si l'Assemblée générale de l'ONU a la volonté, sinon les capacités, de rétablir une situation réellement alarmante en Afrique.