Le rond-point Shumen, quartier abritant l'essentiel des institutions européennes, vivra cette semaine à partir de 10h à l'ambiance algérienne. A l'appel de plusieurs associations européennes de droit belge et/ou algéro-belges, un immense meeting y est prévu avec comme point à l'ordre du jour les atteintes à la liberté d'expression dans notre pays. Selon des indiscrétions recueillies sur place par L'Expression, des personnalités de haut rang du protocole européen seront présentes ou dépêcheront des représentants personnels et attitrés. Il faut savoir, en effet, que l'Union européenne et ses démembrements, Etats membres et Parlements nationaux, n'apprécient que modérément la plaisanterie de mauvais goût que lui proposent les pouvoirs publics en Algérie. En effet et alors que l'Algérie a paraphé à Bruxelles puis signé à Séville, en Espagne, l'accord global d'association avec l'Union européenne, voilà et avant même que les Chambres basses des Quinze ne le ratifient, Alger foule aux pieds des clauses essentielles et donc prend ses interlocuteurs européens pour des idiots. Tout le monde sait parfaitement, ici et là-bas, que la promotion, la défense et le développement de la presse sont consignés dans un chapitre essentiel de l'accord d'association. La liberté d'expression, de rassemblement, de manifestation, de création ainsi que les droits humains fondamentaux constituent le socle sur lequel est bâti le processus de Barcelone qui a donné naissance, rappelons-le, au principe de lier la rive Sud et la rive Nord de la Méditerranée par des traités appelés accords d'association globaux. C'est donc cet édifice patiemment et consensuellement bâti que le clan, actuellement, au pouvoir en Algérie veut casser. Ou du moins ne pas permettre à l'Algérie d'en profiter pleinement. Toujours est-il qu'ils seront nombreux et très remontés contre les pouvoirs publics en Algérie les sénateurs, les ministres, les leaders d'opinion, les journalistes et les responsables d'ONG qui sermonneront vertement Bouteflika et son «chef du gouvernement» : Ouyahia pour leurs tentatives liberticides. La «journée sans presse», décrétée hier par les principaux titres algériens, a été très suivie et très appréciée, ici à Bruxelles. Un point détaillé de cette action sera fait, à l'occasion, par M.Aider White, secrétaire général de la puissante et très influente Fédération internationale des journalistes (FIJ qui regroupe 400.000 professionnels et dont le siège est à Bruxelles). Nous apprenons, par ailleurs, qu'un collectif d'associations de droit belge saisira cette opportunité pour informer qu'une plainte sera déposée contre Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, pour l'assassinat de 123 citoyens algériens révolvérisés en Kabylie. Les organisateurs de la manifestation rendront publique l'invitation qu'ils comptent transmettre aux journalistes et aux responsables des journaux harcelés afin qu'ils viennent exposer leurs arguments dans la capitale européenne. Pour rappel, signalons que ce méga-meeting est porté par la FIJ, Trait d'union, Flandre-Sud de la Méditerranée, le Forum citoyen, le collectif des correspondants algériens en Belgique, le RCD-immigration, la Zone III FLN-Europe, l'API (Association de la presse internationale), Exils maghrébins, Communautés et plusieurs personnalités, dont le Dr Moumène Abib et l'industriel A. Kherchouche. Nous y reviendrons.