«L'Algérie fera bel et bien l'exception» Le ministre craint un fort taux d'abstention lors des prochaines législatives qui auront lieu entre le 1er et le 15 mai prochain, affirme-t-il. Le triomphe des islamistes en Afrique du Nord ne verra pas le jour en Algérie. La victoire des islamistes aux prochaines élections législatives est écartée. Ce ne sont pas des propos d'un simple analyste politique, mais la conviction du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Daho Ould Kablia affirme que l'Algérie fera bel et bien l'exception. L'Algérie pourra bien faire l'exception «et c'est mon point de vue», a déclaré hier le ministre sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Et d'expliquer les raisons d'une telle conviction par le fait que la donne politique en Algérie ne ressemble pas à celle des autres pays. «La comparaison avec d'autres pays n'est pas probante. L'Algérie a ses spécificités, ces valeurs sociétales qui, forcément, ne ressemblent pas à celles des autres pays», a-t-il dit. Les élections seront transparentes Et d'expliquer: «Les votes ailleurs ont sanctionné plutôt des politiques que des valeurs. En Algérie, les électeurs connaissent bien leur monde», a-t-il ajouté. Sollicité à commenter l'appel à une alliance des islamistes, le ministre reste sceptique qu'une telle coalition puisse voir le jour. Il le justifie par le fait que ces formations ne partagent pas les mêmes programmes ni les même ambitions «qui ne sont pas forcément des ambitions doctrinales mais des ambitions de personnes». Quant au retrait du Mouvement de la société pour la paix de l'Alliance présidentielle, le ministre de l'Intérieur estime qu'il s'agit d'une tactique. «Ce parti (MSP, Ndlr) veut se préparer pour s'engager dans la bataille électorale avec un esprit compétitif. Il veut se libérer de toute forme de tutelle et aller aux élections avec l'esprit de compétition avec un programme différent susceptible de lui apporter le plus de voies possibles.» Abordant la transparence des prochaines élections législatives, le ministre a rappelé que les craintes de la fraude ressurgissent à chaque approche d'un rendez-vous électoral. «Je ne sais pas comment on risque durant les 24 heures et 12 heures que dure le scrutin, frauder de manière massive, il y aura probablement de petits incidents et il y a des possibilités de recours à tous les échelons», a-t-il affirmé. Pour le ministre de l'Intérieur, le prochain scrutin ne ressemblera en rien aux précédents, car il y a une volonté d'aller vers une opération sincère et inédite. Il a révélé que des orientations strictes ont été données aux walis et chefs de daïra. «Des sanctions pénales, y compris de la prison, sont prévues contre tous les fauteurs, tous ceux qui perturbent et tous ceux qui pensent déroger aux règles de transparence. Les walis paieront le prix fort, allant jusqu'à être révoqués, s'il n'y a pas de transparence», a rappelé le ministre. Pas de parti pour les militants de l'ex-FIS Interrogé sur le retour à la vie politique des anciens militants du parti dissous, l'ex-FIS, M.Ould Kablia précise qu'aucun militant ne pourra être membre fondateur d'un parti politique, sous peine de rejeter le dossier d'agrément jusqu'à l'exclusion de «ces membres de la liste des membres fondateurs, tout en ayant éventuellement l'autorisation de militer dans ces partis». Le ministre précise toutefois que parmi les militants de l'ex-FIS, il y a certains qui n'ont rien perdu de leurs droits civils et politiques et qu'ils peuvent mener une activité politique à condition de ne pas créer un parti. 12 nouveaux partis Sur une vingtaine de dossiers déposés pour l'obtention d'agrément de nouveaux partis politiques, une douzaine peuvent être autorisés à tenir les assises de leur congrès constitutif, a indiqué mardi le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Daho Ould Kablia. «Il y a effectivement une vingtaine de partis qui ont soumis des dossiers plus au moins complets, mais il y a une bonne dizaine qui ont plus de chance que les autres, compte tenu du nombre d'adhérents qu'ils présentent et en fonction également du nombre de fondateurs qui parrainent la création de ces partis», a déclaré M.Ould Kablia. «Nous considérons qu'il y a une dizaine ou une douzaine de dossiers qui peuvent passer la première étape, celle de l'autorisation qui va leur être accordée pour tenir les assises de leur congrès constitutif», a-t-il ajouté lors de son intervention dans l'émission l'Invité de la rédaction. Toutefois, le ministre a tenu à préciser que «cela ne veut pas dire que la porte est fermée». «Au fur et à mesure, nous leur demandons (aux partis) d'apporter les aménagements nécessaires pour qu'ils puissent franchir toutes les étapes», a-t-il précisé. Pour M.Ould Kablia, «le problème de l'agrément des partis ne se traite pas en quantité, mais en termes de la qualité des dossiers», faisant remarquer que «si le dossier correspond aux dispositions de la loi (sur les partis) qui n'est pas encore promulguée, nous les accepterons sans problème». Sans donner plus d'indications sur les noms des partis susceptibles d'être agréés, il a estimé que cela est tributaire des résultats des congrès constitutifs de ces nouvelles formations politiques. «C'est cela pour nous le point qui permet de délivrer un agrément, parce que dans un congrès, il y a un programme politique, des organes élus et un règlement intérieur défini, alors que le statut est l'élément essentiel du fonctionnement d'un parti», a-t-il rappelé. Au sujet de certains partis qui ont déjà programmé leurs congrès constitutifs, M.Ould Kablia a rappelé que la tenue de ces assises est tributaire d'une autorisation préalable de son département ministériel. Il a, cependant, précisé que cette autorisation ne pourrait être délivrée qu'après la promulgation de la nouvelle loi organique sur les partis. Fort taux d'abstention Loin de la crainte de la fraude, le souci du ministre est plutôt le spectre de l'abstention. L'invité de la Chaîne III dit craindre un fort taux d'abstention lors des prochaines législatives. L'abstention «est une crainte qui m'habite (...) le scrutin des élections législatives par le passé n'a pas mobilisé grand monde, c'est celui où il y a eu le plus fort taux d'abstention», a-t-il avoué. Et de lancer un appel aux partis pour choisir des candidats crédibles afin de pousser les citoyens à aller aux urnes sans quoi ces derniers risquent de s'abstenir, estimant que «les candidats choisis ne correspondent pas à leurs souhaits», a-t-il souligné. Enfin, le ministre a indiqué que les élections législatives devront avoir lieu entre le 1er et le 15 mai prochain. «Les élections de 2007 ont eu lieu le 17 mai et selon la marge prévue par la loi pour la convocation du corps électoral, les prochaines législatives devront avoir lieu entre le 1er et le 15 mai 2012», a-t-il déclaré M.Ould Kablia a expliqué que «lorsque cette date sera fixée officiellement, nous déterminerons la date de départ de la convocation du corps électoral qui doit se situer entre le 1er et le 15 février prochain.»