«Personnellement, c'est une crainte qui m'habite». Le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, craint un taux d'abstention record. Lors de son intervention, hier matin sur les ondes de la Radio nationale, il a exprimé sa crainte d'un taux d'abstention important lors des prochaines législatives et s'en explique. Daho Ould Kablia a anticipé en expliquant que les législatives, «c'est le scrutin où il y a le plus fort taux d'abstention comparativement aux élections locales, où les intérêts sont plus grands, et aux élections à caractère national, telles que les élections présidentielles ou les référendums». Pour minimiser une telle portée, le ministre a expliqué que les appels au boycott «ne sont pas justifiés». «En ce qui nous concerne, nous faisons ce qui est en notre pouvoir de faire, à savoir assurer la transparence et rassurer le citoyen pour lui dire qu'il n'a rien à craindre à ce sujet et que son choix sera respecté. Il reste aux partis de désigner des candidats crédibles», a-t-il dit.Daho Ould Kablia n'aime pas entendre parler de fraude à l'avance. «La fraude a toujours été l'alibi et l'argument de ceux qui échouent. Même si les élections que nous projetons se dérouleront dans la transparence la plus parfaite, il y aura ceux qui échoueront et qui parleront de fraude», a-t-il accusé. Il n'en est pas resté là, puisqu'il veut présenter des garanties. A commencer par celles de menacer les walis. «J'ai menacé les walis et les responsables (au niveau local) que s'il n'y avait pas la transparence, ils payeraient le prix fort. Ils seront tout simplement révoqués», a-t-il dit.Dans le registre des garanties, Daho Ould Kablia est fier d'annoncer que «le président de la République a dit et répété que le prochain scrutin ne ressemblera en rien à ceux qui l'ont précédé», M. Ould Kablia a appelé l'administration, la justice, les commissions de contrôle et les partis politiques à prendre leurs responsabilités «pleine et entière» pour «assurer aux électeurs des conditions nouvelles de pratique d'un droit constitutionnel». «Il y a une volonté nouvelle de changer les choses. S'il y a des réformes qui ont été menées, c'est que tout doit changer et tout doit aller de la meilleure manière possible», a-t-il insisté. «Ceux qui ne veulent pas y croire, ceux-là engagent leur responsabilité», a-t-il dit.Sur le plan purement politique, le ministre de l'Intérieur a indiqué que, jusqu'à présent, «une dizaine ou douzaine de dossiers (nouveaux partis) ont été déposés» auprès de ses services. Mais, a-t-il expliqué, aucune autorisation ne sera délivrée pour la tenue de congrès constitutifs tant que la nouvelle loi sur les partis n'est pas encore mise en application. Pour lui, «le problème de l'agrément des partis ne se traite pas en quantité, mais en terme de la qualité des dossiers», faisant remarquer que «si le dossier correspond aux dispositions de la loi (sur les partis) qui n'est pas encore promulguée, nous les acceptons sans problème».Le ministre de l'Intérieur ne croit pas à l'éventualité d'une victoire islamiste, comme c'est le cas dans d'autres pays de la région. «L'Algérie a ses spécificités et ses valeurs sociétales qui ne ressemblent pas forcément à ce qui existe ailleurs où les votes ont sanctionné des politiques plutôt que des valeurs», a-t-il dit. «Personne ne peut se mettre à la place du peuple pour dire vers quelle direction va se porter son choix», a-t-il encore indiqué, en référence aux récentes déclarations de Abdelaziz Belkhadem, qui avait situé le taux de l'électorat islamiste entre 35 et 40%. A. B.