Plusieurs cadres du secteur des banques ont dénoncé ces derniers mois des transferts importants de fonds vers l'étranger. «Les scandales de Khalifa Bank et celui de la BCIA ne sont rien comparés à ceux qui risquent d'éclater dans les prochains jours ou les prochains mois», dira un cadre de la Banque d'Algérie. Plusieurs cadres du secteur des banques ont dénoncé ces derniers mois des transferts importants de fonds vers l'étranger, ce qui laisse craindre d'autres banqueroutes et d'autres crashs. Pour comprendre le cas de la BCIA, il faudrait revenir aux origines de cette institution bancaire privée. Les langues se sont déliées ces derniers jours à Oran pour parler d'un faux et usage de faux qui aurait permis aux propriétaires de la BCIA de décrocher le feu vert des pouvoirs publics. On parle de manipulation des documents: des hypothèques qui ont permis de décrocher le crédit de 50 milliards de dinars représentant le capital social de la banque. La valeur des biens hypothéqués par M.Kharroubi a été surestimée moyennant, dit-on une grosse ristourne. «Il est aujourd'hui difficile pour la banque de récupérer ses crédits, car même en procédant à la vente aux enchères des biens hypothéqués, la valeur de 50 milliards de dinars (le dépôt de garantie) ne sera jamais réunie», dira un ancien cadre de la BCIA qui avait démissionné bien avant qu'éclate le scandale à l'origine du retrait de l'agrément de cette banque. Un autre cadre des finances dira pour sa part que la législation sur les banques privées devrait être repensée, «car les garde-fous qui devraient en principe codifier leurs actions ne sont pas dissuasifs et ne permettent pas un contrôle rigoureux par la Banque d'Algérie des mouvements de fonds. Actuellement, il existe des banques qui font des transferts vers l'étranger supérieurs à leur dépôt de garantie. Pire ce sont des transferts quotidiens», dira notre interlocuteur. Pour l'histoire des traites avalisées, source de déboires de la BCIA, notre interlocuteur incriminera aussi la BEA qui n'avait pas pris suffisamment de garanties pour préserver ses intérêts. «Des traites ont été avalisées et la BEA a enfreint la réglementation en laissant passer les délais de paiement ou encore en laissant certaines petites agences manipuler un portefeuille supérieur à leur capital», dira-t-il. Les clients de la BCIA tiennent pour responsables de la banqueroute les pouvoirs publics qui auraient laissé faire après le crash de Khalifa Bank. On parle d'une association des anciens clients de la BCIA qui seraient en constitution pour défendre les intérêts moraux et matériels de ces clients qui se disent lésés par rapport à ceux d'El Khalifa Bank. «Je me rappelle que toutes les caisses des agences de la BCIA avaient suspendu tout paiement quand la presse avait fait état du scandale. Même les petits déposants ont été lésés dans cette histoire de gros sous», dira cet ancien client de la BCIA. Pour le moment le siège régional, implanté au quartier de Gambetta , connaît le rush des clients venus aux nouvelles. On continue de venir des quatre coins de l'Ouest du pays pour réclamer son argent. Peine perdue puisque les responsables ont déserté les lieux, laissant le soin aux agents de sécurité de calmer la colère des clients.