Le procès du siècle s'est caractérisé durant toute la semaine par l'affaire des caisses sociales, tour à tour des responsables de ces caisses se sont défilés evant la juge, pour expliquer le pourquoi et comment des transferts de fonds des caisses vers la banque Khalifa, opération qui a été faite, bien évidemment, en contrepartie de fameux présents tels des cartes de gratuité, Master Cards, voitures et la liste est longue. Notons que 10 milliards de dinars est la somme perdue par la Cnas, en 2002, suite au transfert fait vers Khalifa Bank. L'ancien directeur de la Cnas, M. Abdelmadjid Bennacer, avait déclaré, que "la Cnas a fait cinq placements à court terme à Khalifa Bank. Le maximum s'estimait à 10 milliards de dinars, en septembre 2002, montant qui n'a jamais été récupéré". Le SG de l'UGTA, M. Abdelmadjid Sidi Said, a été appelé à la barre en début de semaine, pour témoigner sur les fonds de la Cnas, qui ont été transférés à la banque sur décision du bureau du conseil au lieu du conseil de l'administration. Sidi Said, était à l'époque, président du Conseil d'administration. D'ailleurs, les vingt-neuf membres du Conseil d'administration ont été convoqués pour témoigner sur cette affaire de transfert. Mais, devant une situation confuse, Sidi Said dira devant la juge qu'il assumera toutes ses responsabilités. Quant à M. Boudjerra Soltani, qui était ministre du Travail et de la Sécurité sociale, entre le 27 décembre 1999 et le 28 mai 2001, comparant devant la juge dira, qu'au cours de cette période, il n'a reçu aucune correspondance à propos du dépôt des fonds de la Cnas à Khalifa Bank et que cette opération a été effectuée après son départ. Le comble dans cette affaire, c'est que parmi les 400 stagiaires qui ont bénéficié d'une formation de pilotage, aucun eux ne soit pas fils de cadre de l'Etat, certains n'avaient même pas le niveau requis. Après les structures sociales, c'était autour des OPGI de passer au peigne fin, ces derniers ont déposé des fonds à la banque pour un taux d'intérêt satisfaisant. Plusieurs DG des OPGI sont passé à la barre, en revanche tous les DG des OPGI ont nié avoir encaissé des commissions pour les dépôts d'argent. Le tribunal, quant à lui, dispose de documents, prouvant que la plupart d'entre eux ont encaissé des commissions d'une valeur de 500 000 DA pour chaque dépôt. Devant ce scandale, M. Abdelmadjid Tebboun, ancien ministre de l'Habitat, a nié formellement avoir donné des instructions aux directeurs des OPGI pour les inciter à placer l'argent de leur organisme auprès de Khalifa Bank. M. Tebboun, qui s'est exprimé lors d'une interview accordée au quotidien El Khabar a nié, également, avoir toute relation d'amitié avec Abdelmoumen Khalifa, tout en affirmant qu'il a rencontré ce dernier, cinq fois à l'occasion de cérémonies officielles, et qu'il n'a jamais reçu de cadeaux, ni de crédit bancaire ou de billets d'avion à titre gratuit de la part du groupe Khalifa. Durant la période où M. Tebboun a été ministre de l'Habitat, de 2001 à 2003, les fonds déposés sont estimés à 11 milliards de centimes. Le procès a dévoilé que l'Entreprise nationale de géophysique (Enageo), filiale du holding Sonatrach services para-pétroliers, a perdu dix millions de dollars US par la faillite de Khalifa Bank en 2003. L'accusé Rédha Rahal a affirmé qu'il n'avait reçu aucun privilège, en contrepartie des dépôts à terme (DAT) qu'effectuait l'Enageo dans cette banque. Selon lui, le seul motif était de "faire fructifier" les excédents de trésorerie de l'entreprise qu'il dirigeait. L'accusé, qui est actuellement directeur d'exploitation à Sonatrach, a précisé que l'Enageo avait effectué un DAT à Khalifa Bank, le 21 décembre 2001, à échéance d'une année avec un taux d'intérêt de 10,25%. Il a assuré que "ce dépôt avait été retiré à terme, avec les intérêts". Il a ajouté qu'en juin 2002, la filiale du holding Sonatrach avait effectué un autre DAT, cette fois en devises, d'un montant de 10 millions de dollars US, sur six mois, avec un taux d'intérêt convenu de 4,5%. La présidente du tribunal, la juge Fatiha Brahimi, a demandé à l'accusé, pourquoi il n'avait pas pris exemple sur la maison mère Sonatrach, qui a refusé, par prudence, de déposer des fonds à Khalifa Bank. L'accusé a souligné qu'à cette époque, Sonatrach n'avait pas encore refusé de faire des DAT à Khalifa Bank. Des rumeurs disaient qu'elle y allait très prochainement le faire. Pour un autre dossier, le tribunal a entendu Mohamed Ouendjli, ancien directeur des finances de la Compagnie centrale de réassurance (CCR), qui a déclaré que la CCR avait fait quatre DAT à Khalifa Bank, d'une valeur totale de 332 millions de DA, avec des intérêts, qui n'ont pas été récupérés avant le début de la liquidation de la banque. Il a admis avoir bénéficié d'une carte de soins gratuits au Centre de thalassothérapie, délivrée par Khalifa Bank. Pour sa part, l'accusé Farid Smati a indiqué qu'il a déposé 320 millions de DA à Khalifa Bank en tant que directeur général de l'Entreprise nationale d'approvisionnement en outillage et quincaillerie (Enaog), dont 110 millions de DA ont été "perdus", niant avoir reçu en contrepartie un avantage illicite "quel qu'il soit". L'accusé Ouamar Mahfoud, directeur financier de l'Etablissement national de la navigation aérienne (ENNA), dont le directeur général a placé 50 millions de DA à Khalifa Bank qui n'ont pas été récupérés. Ce dernier a bénéficié de plusieurs billets gratuits sur les vols de la Khalifa Airways, sur cela il réplique que "c'était juste des réductions de 90% et de 50%, prévus dans la convention signée entre (son) entreprise et Khalifa Airways". Jour après jour, le fameux procès tant attendu dévoile de plus en plus de scandales et d'escroqueries qui ont fait d'innombrables victimes, mais le principal accusé est toujours exilé à Londres.