Le projet ultra-libéral consistant en la privatisation à outrance doit être rejeté car anti-national et anti-social. «Elles auraient été menées dès les premiers rounds par une secte de décideurs qui n'y ont pas intégré la société civile algérienne». C'est ce qu'a déclaré M.Mohand-Amokrane Chérifi, consultant international dans une conférence portant thème: «la situation économique et sociale : un constat et un projet pour l'Algérie». La conférence de M.Chérifi est «un appel franc au cénacle des généraux et au cartel des décideurs en vue d'aller vers une transition démocratique et un contrat négocié entre les détenteurs du pouvoir et la classe politique». La programmation de la conférence en question coïncide avec la commémoration du 40e anniversaire de la proclamation du Front des forces socialistes et avec la rentrée sociale. C'est pourquoi, Djoudi Maameri ajoutera: «L'indépendance territoriale n'a pas abouti à la souveraineté du peuple, mais à une caste qui règne par la terreur, la manoeuvre et l'intrigue. Derrière chaque victoire sur le front des luttes démocratiques, il y a l'empreinte du FFS, derrière lequel les victoires sont nombreuses.» C'est que l'exposé de cet économiste, fin connaisseur des arcanes des instances internationales, se veut un réquisitoire contre ceux qui se sont donné pieds et poings liés aux appétits de la Banque mondiale et autres FMI, dès l'orée des années 90. Sans fard ni complaisance aucune, tout un tableau appuyé par des données chiffrées du Cnes et non de l'ONU, donne une analyse objective des données qui ont mené l'Algérie à la faillite économique et au désastre social, bien que les grandes lignes d'un projet pour l'Algérie, inspiré du programme alternatif de développement adopté par le dernier congrès du FFS, y soit également livré. Un projet à même d'assainir et de relancer l'économie tout en redonnant espoir aux Algériens et Algériennes. D'emblée, M.Chérifi donne cette sentence que le système politique algérien connecté à l'économique et au social n'oeuvre pas à l'autonomie et à la participation des citoyens. Quarante ans après, poursuit-il, la population est confrontée à la détérioration socioéconomique et la question de la représentation politique. Pour cet expert, la dégradation de la situation socio-économique est telle que le pouvoir, en sous-estimant la gravité des phénomènes socio-économiques, s'évertue aujourd'hui à les cacher à des fins politiciennes, concluant qu'en dépit de la richesse du pays, le peuple demeure atrocement pauvre. En somme, les négociateurs avec les instances internationales en vue de l'adhésion à l'OMC n'auraient pas su préserver l'outil de production national lors des pourparlers, résultat : l'embellie financière si elle est là masque une dégradation sociale, le chômage (30 %) de la population active, licenciements, dépermanisations, contrats de travail précaire, arrêt drastique des recrutements, investissements nuls ou non suivis alors que l'emploi des jeunes reste en deçà des attentes escomptées. Plus dramatique, l'on enregistre 25.000 demandeurs d'emploi nouveaux. Tout un terreau social favorable aux violences sociales et civiles. Tandis que le revenu des ménages aurait diminué de moitié depuis 1990. Face au mécontentement général, le pouvoir, précise le conférencier, recourt, malheureusement à des agissements qui aggravent les tensions au lieu de les désamorcer, notamment à travers les intimidations. Pour que l'Etat ne soit pas privatisé à son tour, ce spécialiste revendique une gestion transparente des affaires. Le projet ultra-libéral consistant en la privatisation à outrance - même l'administration et les services - doit être rejeté car anti-national et anti-social, non sans dénoncer les mesures vexatoires menées contre la presse et les associations autonomes, jalouses d'une plus grande démocratie dans la gestion de l'argent public, qui risquent de connaître en fin de compte le même sort que les entreprises déstabilisées.