Une nouvelle rébellion touareg au Niger risque d'être un «enfer» pour cette communauté, a averti lundi un ex-chef rebelle, jugeant sans issue la voie empruntée par des combattants touareg du Mali, qui y ont attaqué des villes la semaine dernière. «On a fait deux rébellions, la seconde a coûté beaucoup de vies, un retard énorme au nord (du Niger) et une troisième risque d'être l'enfer pour la communauté touareg», a lancé Rhissa Ag Boula, figure emblématique des deux rébellions touareg au Niger (1991-1995 et 2007-2009). Il s'exprimait lors du «Forum paix et développement» qui s'est ouvert lundi à Arlit, près d'Agadez, la grande ville du nord désertique du pays. L'époque des rébellions «est révolue, aujourd'hui c'est la démocratie», a fait valoir M. Ag Boula, devenu conseiller du président Mahamadou Issoufou, élu en 2011. L'ex-rebelle a déploré qu' «une déstabilisation (ait) commencé au Mali avec des slogans +indépendance, séparatisme+». «Comment les frères touareg du Mali vont-ils créer une République touareg sans nous, sans les Touareg d'Algérie, sans ceux de Libye et du Burkina Faso? Puisque nous, on n'est pas d'accord, comment ils vont la faire?», a-t-il lancé. Il a par ailleurs demandé aux bailleurs de fonds de «simplifier» les modes de décaissement de l'aide au nord nigérien, une région déshéritée: «on nous a promis 15 milliards FCFA (quelque 22 millions EUR) depuis un an et on attend toujours ». Le forum est présidé par le Premier ministre du Niger, Brigi Rafini, un Touareg, en présence de son homologue malienne Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, de représentants des communautés touareg du Mali, de représentants du Burkina, de l'Algérie et des bailleurs de fonds. Trois villes du nord-est du Mali ont été attaquées par des rebelles touareg la semaine dernière avant d'être reprises par l'armée, une première depuis l'accord conclu en 2009 et le retour de Libye de centaines d'hommes armés - essentiellement des Touareg - qui avaient combattu pour le leader libyen Mouammar Kadhafi, renversé et tué fin 2011. Le nord du Niger est également déstabilisé par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui multiplie les rapts, en particulier d'Occidentaux, dans la bande sahélo-saharienne. Aqmi retient toujours quatre Français enlevés en septembre 2010 à Arlit, grand site d'exploitation d'uranium.