Le premier danger qui guette le pays est la perte d'une partie de ses réserves de change. «Les pays du Maghreb subiront les retombées négatives de cette crise européenne et mondiale puisque leurs économies, sont dépendantes des conjonctures européennes» a affirmé Camille Sari, conseiller économique et spécialiste des monnaies et de la finance internationale, expliquant que pour l'Algérie, les canaux de transmission sont multiples. Le premier danger qui guette le pays est la perte d'une partie de ses réserves de change. L'Algérie, qui dispose de 40 milliards de dollars d'obligations souveraines européennes, d'après certaines estimations, pourrait perdre une partie ou la totalité de ses placements en cas de faillite des grands pays comme l'Italie, l'Espagne et effet de domino, la France et même l'Allemagne». Par ailleurs, «si la crise économique s'aggrave, l'Algérie n'est pas à l'abri d'un effondrement des prix du pétrole et du gaz qui représentent sa principale ressource de devises (97%)». Par contre, «le Maroc et la Tunisie subiront la baisse de la demande de leurs produits agricoles, agroalimentaires et autres produits manufacturés, d'un reflux des rentrées touristiques et d'une diminution des transferts de leurs travailleurs résidant en Europe», a-t-il précisé. Pour faire face aux conséquences inévitables de cette crise qui guette les pays du Maghreb, il a proposé d'établir «une monnaie commune» qui est, selon lui, plus pragmatique et plus adaptée aux conditions socio-économiques et géostratégiques du Maghreb que l'instauration de «la monnaie unique maghrébine» qui n'interviendra qu'au bout de 10 à 20 ans. Puisque cette dernière implique un transfert de compétences en matière de politique monétaire et une accélération des processus d'intégration économique. Cette monnaie commune maghrébine, qu'il préconise d'appeler le dinrham, fusion du dinar et du dirham, vise à faire passer les échanges intramaghrébins de 2 à 40%. L'avantage de cette proposition est de faciliter les échanges de biens et de services ainsi que des investissements intramaghrébins et les déplacements des touristes maghrébins au sein de la région, d'une part. D'autre part, le fait que les monnaies des Etats du Maghreb soient inconvertibles fait disparaître le risque de changes des coéchangistes maghrébins et empêche la fuite des capitaux hors Maghreb. Pour contrôler cette proposition, Camille Sari a suggéré d'établir un institut monétaire maghrébin qui sera chargé d'opérer les compensations entre les flux monétaires chaque année. Certes, le passage à une monnaie commune maghrébine seul ne suffira pas parce qu'il faut une intégration économique par le marché visant à la réalisation d'un marché unique par les pays membres qui restent autonomes dans le domaine de la production. Enfin, «il est indispensable de développer les échanges et les investissements Sud-Sud dans le cadre maghrébin ainsi qu'avec les pays africains et arabes. Les échanges commerciaux intermaghrébins ne dépassaient pas 2%, soit moins de 8 milliards de dollars en 2010-2011. Aussi, le commerce interarabe n'a présenté que 10% en moyenne de l'ensemble des échanges commerciaux des pays arabes sur les 5 dernières années. Cela revient au fait que les échanges de la plupart des pays arabes sont orientés essentiellement vers l'Occident, notamment l'Europe», a-t-il conclu. Il est utile de rappeler qu'une rencontre académique, sur le thème «La coopération algéro-marocaine, bilan de l'UMA», dans laquelle le docteur Camille Sari prendra part, sera organisée le 16 février prochain.