Donné battu par 60% des voix par le candidat socialiste François Hollande aux scrutins des 22 avril et 6 mai, il s'est décrit dimanche en président «responsable», conscient de la «souffrance» des chômeurs (...) Le président français Nicolas Sarkozy a fait le pari de réformes impopulaires mais «courageuses» selon son camp dans une stratégie de la dernière chance, à 80 jours du premier tour, pour gagner la présidentielle où il est donné largement battu. «Courageux». C'est le mot répété en boucle par la majorité de droite pour décrire Nicolas Sarkozy lors de sa prestation télévisée dimanche soir suivie par plus de 16 millions de téléspectateurs, au cours de laquelle il a quasiment admis qu'il serait candidat. Un président qui bat des record d'impopularité mais qui en ces temps de crise, avec un taux de chômage jamais vu depuis 12 ans (près de 10%), a osé pour l'intérêt général prendre des mesures qui vont peser sur le pouvoir d'achat des Français et le monde de la finance, disent ses partisans. En menant une «politique audacieuse et juste, en transcendant le calendrier électoral», le chef de l'Etat a montré «sa détermination à agir au service des Français», a ainsi déclaré le Premier ministre François Fillon. Nicolas Sarkozy, donné battu par 60% des voix par le candidat socialiste François Hollande aux scrutins des 22 avril et 6 mai, s'est décrit dimanche en président «responsable», conscient de la «souffrance» des chômeurs, qui ne propose pas «des rêves à bon marché». Comme prévu, il a annoncé une TVA dite sociale consistant à augmenter la taxe à la valeur ajoutée pour alléger le coût du travail dans le but de doper la «compétitivité» des entreprises. Le principe est de faire financer par les consommateurs une partie de la protection sociale, actuellement prise en charge par les entreprises. Il a aussi annoncé la création d'une taxe sur les transactions financières visant à décourager la spéculation et à apporter de nouvelles ressources fiscales, en dépit a-t-il dit des «pressions» subies. En se présentant comme un président déterminé à réformer jusqu'au bout, Nicolas Sarkozy vise à inverser la tendance en sa faveur ou au pire, s'il est battu, à rester dans l'histoire comme celui qui aura tout essayer pour enrayer la crise y compris à ses dépens, un peu à l'image de l'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, analysent les experts. «Nicolas Sarkozy joue son va-tout. Il essaye tout ce qui est possible: il joue du président de crise qui protègerait et du président volontariste qui peut changer les choses», explique Jean-Luc Parodi du centre de recherches politiques Cevipof. Cet angle d'attaque sera-t-il payant face à un François Hollande qui ne cesse de gagner en crédibilité - surtout depuis qu'il a présenté son programme la semaine dernière longuement décliné devant les Français à la télévision? «La stratégie n'est pas bête parce qu'il se place sur le terrain de la stature du chef de l'Etat face à Hollande qui manque d'expérience gouvernementale et qu'en période de crise même les mécontents savent qu'il faut se serrer la ceinture. Les arguments sont bons, le problème c'est qu'il est inaudible» tellement il est impopulaire, répond le politologue Philippe Braud. De plus, son choix de ne présenter sa candidature qu'à la dernière minute, au plus tôt fin février, alors que certains dans son camp le pressent de se déclarer, présente des limites, relève Frédéric Dabi de l'institut de sondage Ifop. «Rester président jusqu'au bout le coince avec son bilan qui est un boulet et l'empêche de déployer son projet ce qui permettrait de diminuer les critiques» sur ses actions passées, explique M.Dabi. Dopé par les sondages, le camp socialiste a d'ailleurs, comme il le fait depuis des années, martelé hier sur le thème de «l'injustice».