Il était un champion hors normes. Il détenait tous les records mondiaux de demi-fond. Les pistes et le chronomètre étaient ses seuls adversaires. Il régnait sur le 1500 mètres, sa distance fétiche, mais courir contre le temps et battre les records constituaient son principal souci. Noureddine Morcelli était un monstre sacré des pistes, un champion hors catégories, qui a illuminé, par son talent, l'athlétisme mondial et les courses de demi-fond dans les années quatre-vingt-dix. Même le grand Saïd Aouita n' a pas réussi à le suivre sur 1500 mètres, lui qui était, pourtant, le recordman du monde de l'épreuve reine. Hormis une tentative avortée dans le 800 mètres, l'enfant de Ténès a battu tous ses rivaux, sur toutes les distances, entre 1992 et 1996, année où il fut couronné champion olympique, le seul titre qui manquait à son palmarès. Champion du monde à trois reprises, Noureddine Morcelli était devenue une star planétaire qui déplaçait les foules et remplissait les stades lorsqu'il fréquentait les pistes. Parfois, les organisateurs des grands meetings étaient obligés de sortir leurs chèques pour le ramener. La ville italienne de Rieti lui a souvent porté chance. Chaque fois que Noureddine s'y produit, il réalisa une grande performance ponctuée par un record mondial. Il est le premier athlète à être descendu sous les 3,28 mn sur 1500 mètres. Il s'était lancé un défi: réaliser 3, 25 sur la distance, mais le destin en a voulu autrement. Blessé lors de la finale olympique de Montréal, par le Marocain Hicham El Guerroudj qui avait tenté, en vain, de le suivre, Morcelli perd peu à peu pied et n'arrive plus à suivre le rythme imposé par ses concurrents. Les Jeux olympiques ne lui ont pas toujours porté chance. On se rappelle en 1992, à Barcelone, alors qu'il était le grand favori, ce fut l' Espagnol Firmin Cacho qui, à la surprise générale, remporta l'épreuve. Il reporte ses espoirs sur le 5000 mètres où même le grand Gebreselassié n'avait pas réussi à lui tenir tête, sans résultats. La mort dans l'âme, il décide de tirer sa révérence, laissant derrière lui un éloquent palmarès et une carrière jalonnée d'exploits et de records. Le meilleur hommage, c'est le quotidien français l'Equipe qui le lui a rendu en le consacrant, à deux reprises, champion des champions. C'est tout dire.