L'adoption d'une approche intégrée en matière de sécurité alimentaire entre les dix pays de la région de la Méditerranée pourrait conduire à une meilleure maîtrise des impacts de la volatilité des prix des produits agricoles et alimentaires et relever ainsi le défi de la sécurité alimentaire. Selon Yves Riou, inspecteur général au ministère français de l'Agriculture, la crise alimentaire de 2007/2008 a conduit à une prise de conscience de la menace qui pèse sur la sécurité alimentaire nationale dans les pays de la région. «Si la sécurité alimentaire n'est pas assurée, le risque d'aller vers des crises majeures dont les répercussions peuvent être dramatiques sur les économies et sur les consommateurs, est grand», a-t-il déclaré en marge d'un séminaire des 5+5 sur la sécurité alimentaire en Méditerranée, qui s'est tenu hier à Alger. Pour les cinq pays du sud de la Méditerranée (Algérie, Maroc, Mauritanie, Libye et Tunisie), la volatilité des prix des produits agricoles a eu un impact négatif dans la mesure où ces pays sont fortement dépendants des importations de produits alimentaires de base. «Cette volatilité a entraîné une hausse importante des coûts des biens alimentaires et pour le consommateur et pour les finances publiques», a-t-il indiqué avant de poursuivre que la volatilité des prix des produits agricoles et alimentaires s'est traduite par «une déstabilisation des exploitations agricoles, aggravée par les aléas climatiques». Selon cet expert, la balance commerciale et alimentaire au niveau de chaque pays a eu tendance à se dégrader, d'où la nécessité de trouver une réponse commune et rapide. L'expert a plaidé pour une coopération accrue entre les deux rives de la Méditerranée: «Quelques pistes peuvent être travaillées ensemble pour améliorer la sécurité alimentaire dans les dix pays de la région», a-t-il soutenu. Côté rive nord, il s'agit de protéger les agriculteurs de la volatilité des prix, d'améliorer la transparence des informations sur les niveaux des stocks mondiaux de céréales et de mieux réguler les marchés des dérivés des produits agricoles. M.Yves Riou a rappelé qu'«un plan d'action a été adopté en novembre dernier au niveau du G20 pour prévenir l'instabilité des marchés agricoles». Un plan qui s'articule sur des mécanismes d'interdiction des marchés de gré à gré, de limiter les positions de monopole sur les produits agricoles sensibles comme les céréales, de garantir la transparence sur les marchés physiques, et d'organiser un dialogue producteurs-consommateurs au sein de la FAO. Pour sa part, M.Chérif Omari, expert en économie agricole, considère que «la consolidation de la sécurité alimentaire dans les pays de la rive sud de la Méditerranée passe d'abord par l'amélioration et l'accroissement de l'offre domestique afin de la stabiliser à un plus haut niveau». L'expert soutient que des investissements importants dans le secteur agricole doivent être consentis pour moderniser les exploitations, former les agriculteurs aux nouvelles techniques et assurer la disponibilité des semences et des plants. Selon cet expert, la politique agricole adoptée par l'Algérie «commence à donner des résultats». Pour sa part, le chef de la délégation de l'UE à Alger, Mme Laura Baeza, «des partenariats nouveaux et plus solides s'imposent aujourd'hui au niveau mondial pour relever le défi de la sécurité alimentaire».