Le séminaire des 5+5 (pays du Maghreb + Portugal, Espagne, Italie, France et Malte), consacré à la sécurité alimentaire, tenu hier à Alger, s'inscrit selon le ministre de l'Agriculture et du Développement rural dans une conjoncture exceptionnelle marquée par plusieurs changements nationaux et internationaux. «La question de la sécurité alimentaire n'intéresse pas uniquement l'Algérie», a-t-il souligné, avant d'ajouter, mais «elle est inscrite dans tous les agendas politiques des grandes rencontres». Selon le ministre, il y a une prise de conscience collective, surtout après la crise alimentaire de 2007 et 2008. «L'amélioration de la production a été suivie au niveau mondial par une meilleure régulation des marchés», ajoute-t-il. «Il faut avoir désormais des stocks de produits alimentaires. Nous avons revitalisé un certain nombre d'unités de stockage et établi des conventions avec des opérateurs privés nationaux. Nous construisons ce réseau graduellement», a-t-il également soutenu. La rencontre d'hier, organisée pour débattre des questions relatives à l'amélioration de la sécurité alimentaire dans les dix pays du bassin occidental de la Méditerranée, devra permettre l'élaboration d'une «stratégie commune» pour assurer une meilleure protection et une bonne gestion des ressources naturelles. «La sécurité alimentaire est une condition de la souveraineté nationale et la stabilité sociale», a tenu à préciser le ministre de l'Agriculture tout en reconnaissant que la facture alimentaire demeure toujours importante en Algérie. En 2011, le volume des produits alimentaires importés représente 20% des importations globales du pays. En 2010, le volume était de 16%. L'Algérie importe en quantités importantes quatre produits alimentaires principaux. Il s'agit des céréales (blés dur et tendre, orge, maïs), poudre de lait, huile et sucre. C'est pour cette raison que d'importants efforts ont été consentis pour l'amélioration de la céréaliculture et la production laitière, où le pays peut réduire considérablement la facture d'importation. «De campagne en campagne, nous constatons un progrès du rendement à l'hectare», a-t-il affirmé. Dans ce cadre, le docteur Benaïssa se félicite des progrès réalisés. De son avis, il y a disponibilité de tous les légumes et fruits sur le marché local, même s'il y a eu des augmentations de prix. Les augmentations de prix concernent, selon lui, principalement les légumes et fruits hors saison. Mais, a-t-il précisé, «on a atteint notre objectif, qui est de sécuriser les agriculteurs et les consommateurs». «Il faut faire en sorte que les agriculteurs produisent sans avoir peur de ne pas vendre leurs produits et que les commerçants proposent leurs marchandises à des prix stables», a-t-il expliqué. Dans ce cadre, le ministre a rappelé le soutien apporté par l'Etat aux agriculteurs et aux producteurs de lait, dont une enveloppe financière estimée à 100 milliards de dinars par an. Participation de dix pays Outre la participation des ministres des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, de la Recherche scientifique, Souad Bendjabalah, et de l'ambassadrice de l'UE à Alger, Laura Baeza, le séminaire a vu la présence de représentants des dix pays de la Méditerranée (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie, Espagne, France, Italie, Malte et Portugal), d'autres responsables d'institutions internationales. Il s'agit notamment du secrétariat général de l'Union du Maghreb arabe (UMA), du secrétariat de l'Union pour la Méditerranée (UPM), de la délégation de l'Union européenne en Algérie, du secrétariat de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), du représentant de la FAO, du Pnud et du Fida. Les crises alimentaires cycliques et leurs conséquences sur les prix des matières premières, l'accroissement des investissements agricoles et la gestion rationnelle des ressources sont parmi les thématiques qui seront abordées durant ce séminaire de deux jours. Les participants tenteront également de trouver des mécanismes de régulation adéquats pour atténuer les impacts de la volatilité des prix sur les marchés des aliments au profit des agriculteurs et des consommateurs de la région.