Le Soudan et le Soudan du Sud ont signé vendredi soir à Addis-Abeba, où ont débuté des négociations sous l'égide de l'Union africaine (UA), un «traité de non-agression» à propos de leur différend frontalier, a annoncé le négociateur en chef, Thabo Mbeki. Selon le texte de ce «traité», les deux parties s'engagent «à respecter mutuellement leur souveraineté et leur intégrité territoriale respectives» et «à s'abstenir de lancer toute attaque, notamment des bombardements». «Les deux pays acceptent de ne pas s'agresser et de coopérer», a déclaré à la presse Thabo Mbeki, ex-président sud-africain. L'accord a été signé par le chef du service de renseignement du Soudan du Sud, Thomas Douth, et par le directeur de la sécurité et du renseignement soudanais, Mohammed Atta. Les tensions frontalières ne cessent de croître depuis que le Soudan du Sud a proclamé son indépendance du Soudan en juillet, après des décennies de guerre civile. Des affrontements ont eu lieu le long de leur frontière, notamment dans les régions contestées d'Abyei et du Nil Bleu. L'accord signé vendredi prévoit également la mise en place d'un mécanisme de surveillance auprès duquel chacune des deux parties pourra déposer plainte en cas d'incident frontalier. «Au cas où il y a des plaintes, ou des accusations d'une ou l'autre des parties (...) elles devront être transmises au mécanisme conjoint», a expliqué M.Mbeki. L'ancien chef de l'Etat sud-africain a enjoint les deux parties à faire en sorte que l'accord soit respecté. «Nous sommes très sérieux (...) il est de la responsabilité des deux parties d'agir maintenant», a-t-il déclaré. Les pourparlers devaient se poursuivre hier dans la capitale éthiopienne et porteront sur le différend pétrolier. A l'indépendance, le Sud a hérité des trois quarts de la production pétrolière de l'ancien Soudan, soit environ 350.000 barils/jour. Les négociations sur le partage de la manne pétrolière butent sur les frais de passage que le Soudan réclame sur le brut exporté. Faute d'accord, Khartoum a pour l'instant décidé de se payer en nature, et a admis avoir détourné au moins 1,7 million de barils, à la fureur de Juba, qui a décidé en janvier de stopper sa production de brut, dont le jeune Etat tire pourtant 98% de ses revenus. L'argent du pétrole est notamment essentiel pour payer les forces de sécurité du Sud, des ex-rebelles dont le nombre estimé à quelque 200.000. Le secrétaire général de l'ONU a prévenu vendredi que les tensions entre les deux pays pourraient dégénérer si les problèmes en suspens n'étaient pas résolus. «Le moment est venu pour les dirigeants des deux pays de faire les compromis nécessaires (...) qui garantiront un avenir pacifique et prospère», a déclaré Ban Ki-moon dans un communiqué. En plus du conflit pétrolier avec le Nord, le Soudan du Sud, plus jeune Etat du monde, est confronté à une multitude de crises, notamment une explosion de violences interethniques et des mouvements rebelles qu'il accuse Khartoum d'entretenir. Début février, les présidents du Soudan du Sud et du Soudan, Salva Kiir et Omar El Bechir, avaient l'un après l'autre évoqué la possibilité d'une nouvelle guerre.