L'artiste devant ces tableaux Ce sont plus d'une vingtaine de tableaux qui ornent les murs de cette salle, alliant expressionnisme et figuratif entre portraits et paysages bigarrés. Nadia Nariman Ghlamallah est une artiste autodidacte, elle est ingénieur de formation et a effectué plusieurs formations en gestion et management ainsi que dans le stylisme modélisme et a donné des cours d'art plastique dans des écoles privées. Artiste dans l'âme, passionnée par son art, elle a tout laissé tomber pour se consacrer pleinement à sa peinture. Elle s'est donné du moins, un an pour ne faire que ça. «L'artiste nouveau est et doit absolument être lui-même, il doit être un créateur, il doit être en mesure de construire seul ses propres fondements, sans recourir au passé ni à la tradition,» Une citation du célèbre artiste autrichien Egon Schiele dont elle fait sienne le principe. Ce sont plus d'une vingtaine de tableaux qui ornent les murs de cette salle d'expo de l'hôtel Saint-Georges. Regorgeant de couleurs, de tonalités chaudes différentes entre portraits et paysages, l'ensemble de cette expo qui constitue l'oeuvre magique de notre artiste, est une invitation dans les entrailles de l'émotion. Dans la première partie de l'expo, le regard est d'emblée omniprésent, décliné entre rêverie, songe et souvenirs. L'artiste restitue la douceur ponctuelle d'un visage, inspiré d'une petite photo en noir et blanc et transformé sous son pinceau en un magnifique tableau décliné soit en peinture à l'huile ou acrylique. C'est le cas de ce tableau intitulé Café des délices, inspiré directement d'une célèbre photo des années 1940 du photographe Doilon. L'on y distingue une belle jeune fille assise dans un café, devant sa petite table. L'artiste lui a rajouté un nouveau élément, à savoir une tasse de café. «J'aime que mes tableaux dégagent une émotion», se plait à nous confier l'artiste. Dans cette série de peintures à l'huile sur toile ou carton, le portrait féminin cadre le visage soit de façon large ou rapproché. Ces tableaux expriment tour à tour la tristesse, la méfiance ou le songe, c'est le cas dans to be or not to be et La rêverie où la plupart des couleurs sont chaudes. «J'aime que mes tableaux baignent dans la chaleur et cette atmosphère. Mais j'aime bien aussi diversifier le moyen pour y parvenir. Quelquefois je me lasse de l'huile. L'acrylique c'est plus intéressant à travailler, l'huile ça glisse tout seul. Mais c'est plus compliqué, car ça sèche trop vite.» Dans To be or not to be, l'artiste est partie des yeux. «Le reste est venu tout seul. Les yeux donnent un langage, j'aime que mes tableaux soient expressifs. Je suis peut-être dans l'expressionnisme, mais c'est des périodes. Là, quand je l'ai fini je me suis dit, c'est ce que je voulais.» On passe maintenant à une série consacrée à la famille de l'artiste. Mais avant, on y découvre ce joli tableau qui renvoie à une période faste de la musique andalouse. L'on y discerne un orchestre masculin assis à même le sol et jouant de la musique. Cette peinture a été adaptée d'une vieille photo défraîchie que notre artiste a mis au goût du jour en la piochant sur Internet. Place à la famille et aux anciens. Ici, c'est la grand-mère qui est peinte à l'acrylique et là celle, du grand-père accompagné de vieux monsieurs. La première peinture est nimbée de violet comme cette couleur sépia qui confère à l'image un effet esthétique bien particulier au cinéma. Ce n'est pas du gris mais cela y ressemble. Dan Sidi et les autres, l'artiste a choisi de rester dans la gamme du noir et blanc. A côté, c'est un saisissant et charmant tableau où l'on découvre la jeune artiste, encore enfant dans les années 1980, avec sa soeur. Le centre est en noir et blanc tandis que l'arrière-fond est teinté de vert. Un peu plus loin, l'artiste s'est essayé avec originalité à l'idée de l'installation artistique ou ce qu'on appelle dans le jargon au «happening» notamment avec cette pile de livres que l'on distingue à la fois sur le tableau et sur cette petite commode, histoire de matérialiser l'imagination et la transposer du rêve à la réalité, du passé au présent immédiat. Intitulé Souvenir, cet autre tableau comprend aussi des objets sentimentaux, des ustensiles de cuisine ayant appartenu à la grand-mère, soit une cafetière, un tire-bouchon, une banane et deux pommes. Dans la cafetière, l'artiste y a mis ses pinceaux, de façon à mêler l'art, autrement sa passion à l'affection qu'elle porte à sa famille et ne pas oublier d'ou elle vient, ses racines et ses aspirations. «J'ai voulu faire un clin d'oeil. Faire vivre le tableau...» Dans Rappel de fleurs, l'artiste a peint, pêle-mêle, diverses fleurs ayant servi de thèmes dans des toiles de plusieurs peintures dont Renoir, Gauguin etc. Réalisé dans les années 2000, ce tableau, nous a indiqué Nadia, a été peint de mémoire. Ce n'est pas une reproduction d'un seul tableau. Juste à côté, l'on distingue cet animal gracieux aux couleurs si chatoyantes et éclatées. Il s'agit du paon. Ici l'artiste ne se contente pas de peindre, mais elle a rajouté une petite fantaisie. Le support qui maintient ce tableau se prolonge par des tissus en soie rouge, histoire d'illustrer avec humour la queue de l'animal et faire prolonger ce tableau qui se matérialise sous nos yeux. Une belle scénographie, toute modeste mais intéressante à laquelle l'artiste y accorde un intérêt certain. Sans doute que la styliste modéliste qu'elle est, n'est pas loin de l'idée de cet assortiment. On finit notre tour d'horizon chromique avec ces tableaux qui renvoient notamment à la plage et la vague. Une aura cosmique dans laquelle baigne cette peinture qui se rapproche de l'art abstrait par petites touches. Mais pour l'heure, c'est l'expressionnisme et le figuratif qui ont droit de cité et trouvent grâce aux yeux de l'artiste. «Quand les gens regardent mes tableaux, j'ai envie qu'ils sentent au moins quelque chose. J'ai laissé tout tomber pour me consacrer durant une année à la peinture. J'ai suivi la passion de mon père qui est parti trop tôt. J'avais envie de lui rendre hommage. Depuis petite, je dessine, j'ai arrêté avec ma vie de famille. Là je me suis dit que c'est le moment de me consacrer à nouveau à ma passion.»