Grâce à lui des centaines de jeunes officiers de l'ANP s'ouvrent sur le monde et intègrent les académies militaires occidentales Il a fait jouer à l'armée un rôle important dans le maintien de l'ordre et l'instauration de la sécurité alors que l'Algérie menait une lutte implacable contre le terrorisme. Le général de corps d'armée, à la retraite, Mohamed Lamari, est décédé hier à l'âge de 73 ans à l'hôpital Mohamed-Ziouchi de Tolga, dans la wilaya de Biskra. Le défunt avait été évacué en urgence vers cet établissement depuis son domicile, situé à Bordj Ben Azzouz, selon son frère Khaled, affirmant également qu'il devrait être inhumé à Alger. Né le 7 juin 1939 à Alger, dans une famille originaire de Biskra, Mohamed Lamari avait été formé dans la cavalerie à l'Ecole de guerre de Saumur en France. En 1960, il déserte pour rejoindre les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN), stationnée au Maroc. Après l'Indépendance, il a eu un parcours des plus riches au sein de l'institution militaire, jalonné par d'importants postes de responsabilité au sein du ministère de la Défense nationale (MDN). Ainsi, il a suivi une formation d'artilleur à l'Académie militaire de Frounze (ex-Urss), puis d'officier d'état-major à l'Ecole de guerre de Paris. Avant d'atteindre les plus hauts sommets au sein de la hiérarchie militaire, le défunt était chef d'état-major de région militaire de 1970 à 1976, commandant de brigade mécanisée jusqu'en 1980, chef de département des opérations de l'état-major de l'ANP jusqu'en 1988, Commandant de la 5e Région militaire (Constantine) jusqu'en 1988. Résolument engagé dans la lutte antiterroriste, il a fait jouer à l'armée un rôle important dans le maintien de l'ordre et l'instauration de la sécurité alors que l'Algérie menait une lutte implacable contre le terrorisme. C'est dire que littéralement, feu Mohamed Lamari a sauvé l'Algérie du terrorisme islamiste en créant le Centre de commandement de la lutte antiterroriste (Ccla) en 1992. Cette structure coordonnera par conséquent l'action de 15.000 hommes chargés de la lutte contre le péril islamiste. Cette structure était composée d'unités des «forces spéciales» de l'ANP et d'éléments du DRS. Au début, le Ccla regroupait trois régiments de parachutistes (le 4e et le 18e RAP, le 12e RPC), un bataillon de police militaire (le 90e BPM) et un régiment de reconnaissance (le 25e RR). Des éléments du Groupement d'intervention rapide de la gendarmerie (GIR) et de la Dcsa étaient également mobilisés pour encadrer les opérations de ratissage effectuées par ces «hommes de l'ombre». Le Ccla était initialement placé sous la direction du général-major Mohamed Lamari, assisté notamment des colonels Brahim Fodhil Chérif, Amar Belkacemi et Hamana (après la nomination de Mohamed Lamari à la tête de l'état-major de l'ANP en juillet 1993, la direction du Ccla sera confiée ensuite au général Saïd Bey, nommé en mai 1994 à la tête de la 1re Région militaire.) Ainsi, Mohamed Lamari, qui a mené la lutte antiterroriste contre les hordes barbares du GIA, de l'AIS et des autres groupuscules terroristes avec une main de fer et un mental à toute épreuve, a également insisté sur la «neutralité de l'armée» et avait veillé à l'aboutissement du processus de la professionnalisation du secteur de la Défense nationale. Mieux encore, Mohammed Lamari était l'architecte du rapprochement de l'Algérie avec les USA et l'acquisition, parfois en plein embargo, d'équipements très militaires de haute qualité. Mohamed Lamari a même fait savoir lors d'une de ses sorties médiatiques que les pays occidentaux avaient unanimement décidé d'imposer à l'Algérie un embargo qui ne disait pas son nom. D'où, avait-il ironisé, que ses pays refusaient même de fournir de simples cartouches à l'Armée nationale populaire. Soulignons par ailleurs, que grâce à lui des centaines de jeunes officiers de l'ANP s'ouvrent sur le monde et intègrent les académies militaires occidentales et les meilleures écoles spécialisées. C'est dire qu'il était celui qui a su insuffler aux jeunes officiers la motivation de la mise à niveau de l'armée et la sortie progressive de la «doctrine soviétique». En juillet 1993, Mohamed Lamari avait pris en charge la direction de l'Etat-major de l'Armée nationale populaire (ANP) et promu ensuite principal chef de l'institution militaire, grâce à une promotion accordée par l'ex- président de la République, M.Liamine Zeroual qui, à l'époque, était responsable du département de la Défense nationale. En août 2004, feu Mohamed Lamari avait présenté sa démission au Président Abdelaziz Bouteflika.