le message du patron de l'Armée algérienne est destiné, principalement, à l'opinion internationale. Dans un long entretien accordé à l'hebdomadaire français Le Point, le général de corps d'armée Mohamed Lamari a fait plusieurs révélations sur l'état de fonctionnement de l'Armée algérienne, les rapports de l'institution militaire avec la présidence, la lutte antiterroriste et les missions actuelles de l'ANP. Concernant ses rapports avec le Président de la République, Lamari a affirmé qu'il «n'existe pas d'antagonisme entre le Président Bouteflika et l'armée», précisant que «l'armée est une institution de la République au fonctionnement régi par la Constitution». «Nous mettre en opposition avec le Président, cela ne prend pas», a-t-il ajouté. Lamari, qui intervient dans un contexte particulièrement belliqueux, semble très conscient des accusations portées contre l'armée qu'il représente, mais s'est refusé à entrer «dans des luttes partisanes visant l'institution militaire ou ses généraux, ceux qui ont sauvé le régime républicain». Concernant les accusations de Abdelkader Tigha, que la presse occidentale présente comme un officier des services de renseignement algériens, Lamari, en bon militaire, précise, en passant, qu'il s'agit, en fait, d'un «sergent-chef déserteur» et non d'un cadre. Quant à ses allégations concernant le douloureux chapitre de l'assassinat des sept moines trappistes en 1996 par le GIA de Djamel Zitouni, Lamari dément formellement «toute implication de l'armée». Dans le chapitre de la lutte antiterroriste, qui a focalisé le plus gros des déclarations du général-major, celui-ci, prenant le contre-pied des discours ambiants, estime le nombre actuel des terroristes à «un millier», et rappellera que «l'ANP n'a jamais affirmé qu'elle avait vaincu le terrorisme», mais, a-t-il précisé, «nous lui avons brisé la colonne vertébrale.» Lamari estime que des 27.000 terroristes armés, il n'en reste qu'un millier en activité. «Notre stratégie a consisté à sécuriser les localités en détruisant les terroristes ou en les repoussant vers les montagnes.» En fait de coopération française dans la lutte antiterroriste, Lamari estime que l'Algérie «est soumise à un embargo de fait sur les moyens de lutte antiterroriste» et à «un problème» avec les politiques français. Précisant le fond de sa pensée, il ajoute: «Avec la DST (contre-espionnage français, ndlr) et la Dgse (renseignements extérieurs français), nous partageons une même analyse sur les menaces terroristes. Ce n'est pas de ce côté que nous avons un problème. Mais bien avec nos amis politiques français.» «Ils nous soumettent à un embargo de fait. Nous n'avons même pas pu acquérir en France quelques milliers de cartouches de chasse pour nos gardes communaux», a-t-il tenu à préciser. Résumant les missions constitutionnelles et les tâches qui lui sont imparties, Lamari a affirmé que «l'Armée algérienne obéit aux élus du peuple» et que sa mission de lutte antiterroriste, dans le cadre de l'état d'urgence, se déroule «sous la responsabilité du ministère de l'Intérieur». Concernant un dernier point, relatif à l'éventuel exil du président irakien Saddam Hussein en Algérie, Lamari répond: «Si le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le décide, on s'y résoudra.»