Les files indiennes qui se forment dans toutes les stations-service pour la très convoitée bouteille de gaz sont la meilleure preuve. En Algérie, la pénurie de gaz butane qui a suivi les dernières intempéries a révélé une réalité: les Algériens sont très peu nombreux à être raccordés au gaz naturel. Les images diffusées par l'Entv montrant des familles heureuses d'être raccordées au gaz sont loin de refléter la réalité. C'est l'arbre qui cache la forêt. Les files indiennes qui se forment devant toutes les pompes à essence du pays pour obtenir cette très convoité bouteille de gaz en est la meilleur preuve. La capitale n'est pas épargnée par cette amère réalité. En voyant la détresse de la population lors de nos nombreuses virées aux stations-service de la capitale et à la raffinerie de Sidi R'zine à Baraki, on s'est vite rendu à l'évidence. «Mon fils, je n'ai pas de gaz de ville, je suis donc obligé d'attendre sous la pluie pour espérer en obtenir», nous confie Khalti Fatma une vieille femme grelottant sous la pluie à la pompe à essence de Caroubier, à Alger. Khalti Fatma n'habite pas dans un village isolé ou dans une ferme à la périphérie de la capitale mais à Aïn Naâdja, en plein centre-ville de cette commune de la banlieue Ouest d'Alger. «On habite dans un nouveau quartier qui n'a jusque là pas encore été raccordé au gaz de ville», ajoute-t-elle avec amertume. «Nous, cela fait trois ans qu'on habite dans cette localité et on n'a toujours pas de gaz à cause d'une histoire de raccordement», peste Yacine dans la commune de Rouiba Sbaate (Chraïfia). «En plus, on nous coupe fréquemment l'électricité et avec ce froid on n'a pas d'autres moyens pour nous chauffer. Notre seul recours demeure cette fameuse bonbonne de gaz», ajoute-t-il. Zohra, qui habite à Birtouta, n'a également pas de gaz de ville faute de moyens. «Je ne peux pas payer les factures donc j'ai préféré éviter que l'on me raccorde au gaz de ville», précise cette femme au visage marqué par la misère. «Depuis mon enfance l'Unique nous gave d'images montrant des familles tout heureuses d'être raccordées au gaz de vile mais moi qui habite à Baraki, à quelques encablures de la capitale, je n'ai pas encore eu le privilège d'inhaler du gaz de ville», peste-t-il. «Si nous, dans la capitale on n'est pas encore raccordés au gaz, je me demande alors ce que cela doit être dans les villes de l'intérieures sans parler des villages», déplore-t-il. «Mais vous me direz c'est normal si en 2012, dans un pays qui plus est gazier, on nous montre sans avoir peur du ridicule le raccordement au gaz comme un exploit», s'insurge-t-il. Malheureusement, ces témoignages ne sont pas des cas isolés. Ils sont des milliers d'Algériens à ne pas avoir encore eu la chance d'avoir le gaz de ville. D'ailleurs selon les estimations de certains spécialistes, ils ne seraient que 35% de foyers à être raccordés au gaz naturel. Une honte pour le 5e producteur mondial de gaz naturel!! En tout cas le subterfuge des autorités avec la complicité de l'Entv a été dévoilé aux yeux de la population. «Tous ces citoyens qui attendent désespérément une bouteille de gaz est la preuve de la mauvaise foi des autorités qui nous mentent avec des chiffres inventés de toutes pièces», constate amèrement Abdelkrim rencontré à la raffinerie de Sidi R'zine. Voilà donc comment la neige a mis en évidence 50 ans de bricolage...