Dans une réflexion sur les changements climatiques dont l'Algérie a subi les effets ces dernières semaines, Kamel Mustapha Kara - directeur de l'Agence nationale du changement climatique (Ancc) à Alger - tire la sonnette d'alarme: «L'augmentation de l'utilisation des énergies fossiles sont la cause principale de l'aggravation de la dégradation climatique dans le monde. L'émission des gaz a effets de serre (CO²) a pollué l'atmosphère et il faut s'attendre à d'autres situations plus dangereuses que celles que nous avons vues et vécues ces dernières semaines en Algérie», a souligné ce spécialiste du changement climatique. «Ce que nous avons subi ces derniers jours n'est que le reste de l'intensité des conséquences du changement climatique vécu en Europe», a-t-il expliqué. Contrairement à l'Algérie, les pays développés ont anticipé les catastrophes naturelles. Autrement, les dégâts auraient été beaucoup plus graves, dit-il pour comparer les conséquences des changements climatiques en Afrique par rapport au Continent européen. «C'est une problématique qui concerne toutes les hiérarchies de l'Etat et les citoyens en général afin de se préparer aux situations à venir qui seront bien plus difficiles. Si nous avions anticipé les situations, on aurait pu éviter tout ce manque de gaz, de nourriture et autres fermetures des routes», explique-t-il encore. Cela fait plus de dix ans que les scientifiques ont averti sur le danger, tout en appelant les pouvoirs publics à tous les niveaux à se pencher sérieusement sur la problématique des changements climatiques. Faisant la différence entre les séismes qui appartiennent à un autre domaine des sciences et les changements climatiques qui s'expliquent par les fortes tempêtes de neige, la sécheresses, les inondations et autres vents violents, M.Kara préconise trois types de solutions-clés pour faire face aux dangers des phénomènes climatiques en Algérie. La réduction des émissions de gaz à effets de serre, le passage de l'utilisation des énergies fossiles vers l'énergie propre (Energies renouvelables) et la formations des agents spécialisés pour répondre aux études et compréhensions du phénomène des changements climatiques. Pour cela, l'Etat est interpellé plus que jamais à préparer le développement d'une autre approche basée sur des visions scientifiques indépendantes et au-dessus des mêlées politiques et partisanes. Evoquant les graves conséquences de la dégradation du climat, M.Kara rappelle les centaines de morts à cause de la sécheresse entre 1967 et 1980 dans la région de l'Ahaggar (Tamanrasset). Les catastrophes naturelles existent depuis la nuit des temps. Mais l'augmentation des émissions à effet de serre (CO²) aggrave davantage la situation. «La stabilité des gaz à effets de serre est une condition sine qua non pour sauver la planète du malheur»,selon M.Kara. Le directeur de l'Ancc met l'accent sur l'importance du prochain Sommet sur le changement climatique «Rio 20» qui se tiendra au Brésil vers le mois de juillet/août 2012. «L'Algérie, en tant que présidente de ce Sommet, est tenue de saisir cette occasion avant que ce ne soit trop tard pour défendre la position africaine sur des bases scientifiques», dit-il.