La signature de cette déclaration est une victoire pour Air Algérie qui avait vigoureusement contesté cette mesure considérée contraire aux principes internationaux. La taxe carbone dans l'aviation est-ce fini? En tout cas, 29 pays ont décidé de s'unir contre cette taxe carbone imposée par l'Union européenne (UE). En effet, une déclaration s'opposant à la taxe carbone dans le domaine de l'aviation imposée par l'Union européenne (UE), a été signée à Moscou par les représentants de 29 pays, dont plusieurs pays africains, rapportent jeudi les agences de presse. La déclaration comprend une série de mesures de rétorsion au Système d'échange de quotas d'émissions de gaz à effets de serre de l'UE (Seqe), permettant notamment à tout pays d'introduire toute mesure conformément à sa législation nationale pour bloquer complètement le Seqe ou le retarder. Les pays signataires, s'engagent ainsi à interdire à leurs compagnies aériennes de payer cette nouvelle taxe. Une victoire donc pour Air Algérie qui a été l'une des premières compagnies à dénoncer cette taxe. La compagnie d'aviation algérienne, comme l'ensemble des compagnies non européennes, s'était vigoureusement élevée contre cette mesure considérée comme contraire aux principes internationaux dans le domaine de l'aviation, en particulier les dispositions du protocole de Kyoto, mais aussi du droit international. Air Algérie avait alors lancé un appel à la mobilisation en organisant une fronde arabo-africaine contre la directive européenne relative aux restrictions d'émission de gaz à effets de serre dans le transport aérien. Air Algérie, pour qui l'Europe représente 80% de l'activité, est directement concernée par une mesure européenne très contestée au niveau international. Les compagnies, qui avaient refusé de se soumettre à ce système des quotas avaient été menacées d'exclusion de l'espace aérien. En 2009, à l'annonce de cette taxe, le P-DG de l'époque, Abdelwahid Bouabdallah, avait initié un mouvement de protestation, de concert avec les compagnies aériennes arabes et africaines, pour dénoncer cette instruction. Voilà donc que le mouvement initié par Bouabdallah voit enfin le jour à Moscou. Il faut cependant expliquer que cette taxe carbone est entrée en vigueur le 1er janvier 2012. Eh bien, à partir de cette date, la législation européenne oblige les compagnies opérant dans l'UE, quelle que soit leur nationalité, à acheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes pour lutter contre le réchauffement climatique. Elles devront s'acquitter de cette obligation au printemps 2013. Toutefois, il n'y a pas que l'Algérie à s'être opposée à cette taxe. Depuis sa promulgation, elle suscite de sévères critiques dans plusieurs pays notamment la Russie, la Chine, les Etats- Unis, et l'Inde, qualifiant cette nouvelle disposition d'«injuste», et «inefficace». L'Administration de l'aviation civile (FAA) et l'Autorité de l'aviation civile chinoise (Caac) ont à plusieurs reprises jugé ce mécanisme «non conforme à la Convention relative à l'aviation civile internationale» de 1944. Par ailleurs, la commissaire chargée du climat Mme. Connie Hedegaard, a mis en demeure lundi les compagnies aériennes qui s'opposent à la taxe européenne sur les émissions polluantes, proposant un accord mondial pour impliquer le secteur de l'aviation «au lieu de parler de rétorsions». Le 13 février dernier, Tony Tyler, directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata), a souligné à Singapour que l'UE devait modifier cette mesure. «Dans un contexte de crise financière internationale et de hausse des prix du carburant, le secteur de l'aviation n'est pas en mesure de supporter les conséquences de la guerre commerciale que risque de provoquer cette mesure européenne», avait-il averti. D'après l'Iata, l'imposition de la taxe carbone par l'UE représenterait une surcharge de 23,8 milliards de dollars pour le secteur de l'aviation sur les huit prochaines années. Enfin, il est utile de souligner que cet été, les pays africains signataires de la déclaration de Moscou devraient se joindre à leurs partenaires, opposés à la taxe carbone européenne pour une réunion en Arabie Saoudite, afin d'étudier des mesures de rétorsion à la nouvelle taxation de l'UE.