Cette déroute ne diminue en rien les capacités exceptionnelles des groupes armés affiliés à l'organisation de Hassan Hattab. «L'opération de ratissage menée par l'armée dans les Babors a donné d'excellents résultats», a révélé, hier, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, lors d'un point de presse organisé en marge de la visite présidentielle à Bordj Bou-Arreridj. Ces résultats sont traduits par «la neutralisation de trente-trois terroristes», et, donc, un important groupe actif du Gspc mis hors d'état de nuire. Parmi les terroristes arrêtés, figure un chef important, émir de la katibat Es-suna et qui demeure, à ce jour, «en exploitation», selon le jargon militaire, pour qualifier les membres importants dont il faut tirer, rapidement, le plus d'informations possibles. Des sources fiables précisent que, au moins, une vingtaine de et autant, sinon plus, d'enfants ont été «récupérés» par l'armée qui continue son avancée dans les monts Babors. Les militaires grignotent, ainsi, peu à peu les derniers sanctuaires terroristes et arrivent à frapper, épisodiquement, au coeur même des fiefs du Gspc. Toutefois, il serait puéril d'ajouter l'euphorie à ces informations et penser qu'il puisse s'agir d'une désagrégation des troupes de Hassan Hattab, l'émir national du Gspc. Au contraire, on peut aisément penser que cette déroute n'a enlevé en rien aux capacités de nuisance des groupes affiliés au Gspc. Cette grande concentration d'hommes, de et d'enfants a rendu relativement aisée pour l'armée d'encercler le groupe puis de le neutraliser. Il est vrai que la longue chaîne des Babors constitue un parfait passage du Centre depuis la région kabyle, à l'Extrême-Est, Tébessa, où l'hégémonie du Gspc est évidente. Cependant, le gros des troupes du Gspc reste concentré dans la région kabyle, déjà fragilisée par la crise politique qui y perdure depuis avril 2001. Bon an, mal an, le Gspc arrive à y assassiner plus de 200 militaires, GLD, policiers et gardes communaux, attisant encore plus de tensions sociales, sans que les forces de sécurité arrivent à constituer un maillage rigoureux dans la région dû, justement, à l'hostilité des citoyens envers les forces de sécurité. Pis encore, dans son dernier entretien accordé à un média étranger, le général de corps d'armée, Mohamed Lamari, avait parlé du recrutement de quelque 200 nouveaux hommes pour renouveler les effectifs du Gspc et apporter du sang nouveau dans leur guerre d'usure contre les services de sécurité. Plus que toute autre organisation terroriste, c'est bien le Gspc qui constitue actuellement la hantise des forces de sécurité et prétend «porter le danger là où il le veut». La spectaculaire prise d'otage de 32 touristes européens en février et mars 2003 a constitué incontestablement le coup médiatique de l'armée pour le Gspc. Amari Saïfi, le «Abderezak El Para» du Gspc a réussi l'inénarrable exploit de sortir indemne de deux maillages successifs, le premier à Tamerlik, en Algérie, le second au nord-est de Kidal, au Mali, avant de s'évaporer dans la nature, laissant les responsables sécuritaires algériens, maliens et allemands perplexes. Fort de ces 500 hommes armés - si l'on inclut les 200 recrues dont avait parlé Lamari - le Gspc s'affirme comme une organisation armée super-organisée et structurée et qui semble s'inscrire dans le temps et dans l'espace aussi. Car, on voit mal la crise politique et sociale aiguë aidant, comment les forces de sécurité pourront, entre Boumerdès et Tizi Ouzou, déloger des cellules actives et de soutien qui ont développé depuis longtemps une parfaite «stratégie de symbiose» avec les autochtones.