Le gouvernement confirme que l'ex-émir national du GSPC, Hassan Hattab, s'est mis au service de la lutte antiterroriste. Blida. De notre envoyé spécial Interrogé hier en marge de la visite du président de la République à Blida, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourreddine Yazid Zerhouni, a révélé que l'ex-chef terroriste dispose d'un « statut particulier ». Le ministre a rectifié juste après en évoquant une « situation particulière ». C'est ce qu'a répondu M. Zerhouni à une question sur l'énigmatique report du procès de Hassan Hattab, au moment où ses appels au repentir sont répercutés par les médias publics. A notre question de savoir s'il a été « retourné » par les services de sécurité pour servir la lutte antiterroriste moyennant son bénéfice de la charte, le ministre, gêné mais souriant, a répondu : « Qualifiez-le comme vous voulez… » Y aurait-il une suite et fin du procès Hattab ? Le ministre n'a pas jugé utile de s'y attarder. Auparavant, Yazid Zerhouni avait confirmé à demi-mot que Hassan Hattab est bel et bien pris en charge. « On gère sa situation en collaboration avec le ministère de la Justice », a-t-il déclaré. Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs laissé entendre, dans un aparté accordé à El Watan, que la mise sous le boisseau du dossier de justice de Hassan Hattab s'est faite en contrepartie de sa contribution à faire descendre les terroristes des maquis autant que faire se peut. « Et vous, vous n'avez pas apprécié ses appels ? (de Hattab, ndlr) », interroge le ministre, le sourire en coin. Dans la conférence de presse animée au siège de la wilaya, M. Zerhouni a appuyé son constat en faisant remarquer que ces appels, « tous les appels des anciens terroristes ont eu un impact sur la vague de repentis et la lutte contre les irréductibles sur le terrain ». Victimes de l'agent de la CIA : elles ne sont pas algériennes… « Si, ils ont eu un impact et ont même créé des problèmes et des tensions au sein des groupes armés », révèle le ministre. Tout porte à croire donc que l'ex-émir national du GSPC a définitivement changé de fusil d'épaule, au grand bonheur des autorités toutes heureuses de tirer profit de « l'expertise » du terrain de Hattab, à se fier à la nouvelle attitude plutôt conciliante de Zerhouni à son égard. Et ces révélations « confirmatoires » du ministre de l'Intérieur constituent une consécration publique et politique du fameux « M. Hattab » dont avait glorifié le président Bouteflika l'ex-chef terroriste. Sur un autre plan, le ministre de l'Intérieur s'est exprimé sur la sulfureuse affaire de l'agent de la CIA, auteur de viols sur des Algériennes. Comme pour ses premières déclarations, M. Zerhouni semble ne pas trop connaître les tenants et les aboutissants de ces « viols espions ». « Il s'agit de savoir s'il s'agit d'un pervers ou, plus grave encore, d'un espion qui recourt au viol comme moyen de recrutement. » Le ministre de l'Intérieur laisse entendre néanmoins que les autorités algériennes ne comptent pas se saisir de l'affaire pour connaître les mobiles de l'agent de la CIA. Et pour cause : il précise que les deux victimes sont considérées comme des étrangères dans cette affaire dès lors « qu'elles ont préféré déposer leurs plaintes via les réseaux de leurs pays d'accueil (Espagne et Allemagne). Elles ne sont pas Algériennes, ce sont des binationales », précise le ministre, visiblement peu préoccupé par cette affaire. Concrètement, les autorités algériennes ne pourront rien faire puisque les deux victimes ont déposé leurs plaintes ailleurs. Quant au fameux agent Andrew Warren, le ministre s'est contenté d'ironiser : « Vos confrères le connaissent bien… »