Les Algériens savent faire la part des choses. Ils savent que les Français se sont prononcés, lors du référendum du 8 avril 1962, dans leur immense majorité (91%) pour l'indépendance de l'Algérie... Ça commence à bouger sérieusement. Cette semaine, Jean-Pierre Chevènement, le président de l'association France-Algérie était à Tlemcen où il a assisté au colloque sur l'Emir Abdelkader. Il a, bien sûr, parlé du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie et ce qu'il pense de la colonisation dans notre pays. Il est contre le pardon qu'il considère être « une notion religieuse ». Il préfère « la conscience (qui) est une notion républicaine ». Dans le même temps, la directrice générale de TV5 monde, Marie-Christine Saragosse, est venue à Alger présenter, à l'hôtel El-Djazaïr, le « menu » du programme spécial « 50e anniversaire » qu'elle compte intégrer dans la grille de sa chaîne cette année. Ceci pour l'actualité immédiate. Avec ces visites, d'autres parties ont annoncé, depuis l'Hexagone, être à pied d'uvre pour l'occasion. Des chaînes de télé, des historiens, des cinéastes, etc., tous « mijotent des plats » spéciaux pour célébrer l'événement. Le premier moment fort de ce cinquantenaire sera, bien sûr, le 19 mars prochain. Mais comme cette date coïncide avec la campagne présidentielle française, qui bat son plein, cette célébration aura un retentissement limité. Par contre, celle du 5 juillet prochain, pourra étaler tout le faste prévu pour cet événement algéro-français majeur. Mais avant d'aller plus avant dans nos observations, il nous faut rappeler quelques évidences. Dans leur travail de mémoire, les Algériens savent faire la part des choses. Ils savent que les Français se sont prononcés lors du référendum du 8 avril 1962 à 91% pour l'indépendance de l'Algérie. Ils confirmaient ainsi leur vote du 8 janvier 1961 pour l'autodétermination en Algérie par 75% des voix. Les Algériens ont compris depuis très longtemps que la source de leur mal était les colons. Les Algériens savent aussi que la IVe République, n'est pas la Ve République. Ils savent faire la différence entre un Guy Mollet, un Mendès France et le Général de Gaulle. Ils savent également que ce même Général a échappé à plusieurs assassinats dans son pays, pour avoir signé les Accords d'Evian et organisé les référendums de l'indépendance de l'Algérie. Ces précisions faites, on peut comprendre que les Algériens ne sont habités par aucune haine envers les Français. Et que ce sentiment ne se retrouve que chez cette frange de Français que sont les rapatriés d'Algérie. Donc et si les hommes de bonne volonté comme M. Chevènement devaient travailler pour l'apaisement des curs, ils devraient le faire dans leur pays plutôt qu'en Algérie. C'est en France que la loi du 23 février 2005 a été votée. C'est en France que des historiens falsifient l'histoire de la Guerre d'Algérie. Les travaux d'autres historiens français plus honnêtes sont étouffés. Les falsificateurs s'appesantissent sur la partie algéro-algérienne de cette histoire (FLN-MNA, Melouza, affaire Abane Ramdane, etc.) qui ne les regarde nullement mais dont ils se servent pour mieux occuper et occulter la place de l'histoire, algéro-française celle-là, de la Guerre d'Algérie. Une histoire qui va des traités non respectés de 1830 (lire « Le Miroir » de Hamdane Khodja) jusqu'au départ massif des pieds-noirs que les historiens falsificateurs veulent absolument mettre au compte du FLN alors que c'est l'OAS qui l'a organisé avec son fameux « la valise ou le cercueil » inscrit dans son plan de la « terre brulée ». Entre les deux, il y a toute la violence du corps expéditionnaire français et ses milices comme la « main rouge » contre la population algérienne (enfumades, déportations, vols, viols, dépossession, code de l'indigénat, tortures, etc.). Oui, nous sommes pour l'apaisement des curs avec le peuple français qui ignorait tout de ce que les représentants de la France avaient commis, en Algérie, comme exactions et barbarie. C'est ce que l'Etat français doit assumer et demander pardon pour tout ce qui a été commis en son nom en Algérie. Nous sommes tellement lucides que nous nous gardons bien de culpabiliser les Français qui, dans leur immense majorité, étaient contre l'occupation de l'Algérie. Nous sommes si lucides que nous savons que tout ce qui se prépare dans les médias français pour la célébration de ce cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie sera pour rendre la colonisation « civilisatrice ». Pour falsifier encore et toujours. Tout en sachant enfin que l'immense majorité des Français qui, pour avoir dit oui à l'indépendance de l'Algérie, ne pourra pas être tenue pour responsable de ce qui se fait au nom de la France. Maintenant, la directrice de TV5 et son staff peuvent discourir autant qu'ils le veulent et comme ils le veulent, le cours de l'Histoire n'en sera pas, pour autant, dévié. [email protected]