La repentance et la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France en Algérie a été le sujet central de la conférence de presse animée hier par Jean-Pierre Chevènement, président de l'association France-Algérie (AFA), en visite depuis dimanche à Alger. Comme Alain Jupé, M. Chevènement estime qu'il faut se concentrer sur l'avenir des relations entre les deux pays et laisser le travail de l'histoire aux spécialistes. «Ce qu'il me paraît bon c'est d'aller vers la conscience et l'identité. La France doit être consciente de ce qui s'est passé», a-t-il souligné lors d'une brève conférence de presse tenue hier à Alger. Pour lui, tous les indicateurs sont favorables pour tisser un avenir sympathique entre les deux pays, et lui-même œuvre pour développer cette perspective. «L'intérêt de la France a été l'indépendance puis l'amitié avec l'Algérie tout en continuant d'organiser au mieux nos relations et regarder l'avenir avec optimisme», a-t-il expliqué. Pour lui, «le passé existe et a été un choc mais on ne peut pas le refaire. Laissons ce travail aux historiens et autres spécialistes qui portent une vision sur ce qu'il était ( le passé)», a-t-il indiqué. «Nous devons nous concentrer pour résoudre les problèmes du 21e siècle. Nos deux pays sont des pays clés en Europe et en Afrique. Il y a des choses à faire en commun et le passé ne doit pas nous durcir l'avenir», a-t-il encore expliqué. Dans ce même contexte, le président de l'AFA annonce la tenue d'ici la fin de l'année d'une conférence intitulée «Algérie-France au 21e siècle» pour célébrer le 50e anniversaire de relations communes. Cette occasion sera saisie pour présenter les œuvres de la coopération bilatérale dans tous les domaines. Sur sa visite de cinq jours à Alger, M. Chevènement dira qu'elle répond à «mon souci de multiplier les contacts avec les Algériens dans les domaines de l'éducation, de la culture, de l'économie, de la politique, du cinéma, de l'urbanisme, et autres». Le programme de cette visite est très chargé et comprend des entretiens avec diverses personnalités. M. Chevènement a rencontré des personnalités politiques «qui étaient, sont ou seront dans le gouvernement» dont Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du Président, plusieurs ministres dont Cherif Rahmani, ministre de l'Environnement avec qui il a visité la nouvelle cité de Sidi Abdellah, le recteur de l'université Alger 2 et le président du haut conseil de la langue arabe. Il compte rencontrer le Premier ministre Ahmed Ouyahia, Rachid Haraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur, M. Babès, du Cnes, Réda Malek, Boutaleb, président de la fondation Emir Abdelkader et Khalida Toumi, ministre de la Culture. Il a rencontré le député Amirouche et Saïd Sadi du RCD ainsi que les cadres du FFS. Il part aujourd'hui en Kabylie et y restera jusqu'à demain. Dans le domaine économique, Chevènement estime que son association peut agir plus facilement dans le domaine de la PME au niveau régional. Jean-Pierre Chevènement a affirmé que l'association France-Algérie (AFA) représente plusieurs centaines d'adhérents et vise à promouvoir les relations bilatérales dans tous les secteurs et domaines d'activité «sans ignorer les efforts consentis par les deux Etats, mais elle veut le faire par le biais de la société civile vu les liens étroits entre les deux pays». Outre les relations politique et économique, M. Chevènement plaide pour le renforcement de l'amitié. «C'est le dessein que je compte poursuivre car plus que l'amitié, c'est de l'amour que j'ai pour l'Algérie». A propos de l'Union pour la Méditerranée (UPM), M. Chevènement dira que «l'idée est originale mais à la fois anticipatrice et prématurée». Selon lui, l'Europe devrait se tourner vers le Sud et non pas vers l'Est mais le mouvement de révolution qui a secoué le monde arabe juste après la conclusion de cet accord pose des interrogations sur ses effets. «L'UPM ne doit pas rester aux formules préétablies mais aller dans le sens du développement.»