Des frappes américaines en Iran seraient plus dévastatrices que si elles étaient effectuées par Israël, a affirmé jeudi le chef du Pentagone Leon Panetta, alors que certains observateurs doutent de la capacité d'Israël à détruire les sites nucléaires iraniens. Si les Israéliens décidaient de recourir à la force, «il est évident que cela aurait un impact mais je pense qu'il est clair que si les Etats-Unis le faisaient, cela aurait un impact bien plus important», a déclaré le secrétaire à la Défense dans un entretien au National Journal. Israël ne dispose pas des bombes anti-bunker MOP (massive ordnance penetrator), des munitions dotées d'un pouvoir pénétrant suffisant pour détruire des installations profondément enterrées, jusqu'à 60 mètres selon des observateurs qui doutent qu'Israël dispose d'une telle capacité. Israël pourrait également manquer d'avions ravitailleurs pour mener des raids loin de son territoire. Selon le quotidien israélien Maariv, M.Obama aurait proposé au Premier ministre israélien Netanyahu, qu'il a rencontré lundi à Washington, des bombes anti-bunker et des avions de ravitaillement à longue portée, à condition qu'Israël ne lance aucune frappe contre l'Iran cette année. La Maison-Blanche a démenti ces informations. Lors des réunions auxquelles M.Obama a assisté lors de la visite de M.Netanyahu, «aucun accord de ce genre n'a été conclu, ni même proposé», a déclaré le porte-parole du président américain Jay Carney. Il n'a toutefois pas exclu que de telles conversations aient pu avoir lieu à un autre niveau entre responsables américains et israéliens. Dans son entretien au National Journal, Leon Panetta a par ailleurs affirmé que l'armée américaine préparait des plans d'attaques contre l'Iran «depuis longtemps», mais que la priorité restait à la diplomatie. Toutefois, Meir Dagan, ancien chef du Mossad, les services de renseignement israéliens, s'est dit opposé pour l'heure à des frappes contre les sites nucléaires iraniens, lors d'un entretien sur une chaîne américaine. «Attaquer l'Iran avant d'avoir réfléchi à toutes les autres approches n'est pas viable», a déclaré M.Dagan dans des extraits d'une interview accordée à la chaîne CBS et qui doit être diffusée in extenso demain. Barack Obama «a clairement dit que l'option militaire est envisageable et qu'il ne laisserait pas l'Iran se doter de l'arme nucléaire, et d'expérience je fais confiance au président américain», a encore confié Meir Dagan, qui a cédé sa place en janvier 2011 après huit années à la tête du Mossad. L'Etat hébreu a multiplié ces dernières semaines les menaces d'une intervention militaire destinée à empêcher Téhéran d'effectuer des progrès irréversibles vers l'arme atomique. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé lundi dans un discours à Washington que ni la diplomatie ni les sanctions n'étaient parvenues à freiner le développement du programme nucléaire controversé de l'Iran, ajoutant: «Aucun d'entre nous ne peut se permettre d'attendre beaucoup plus longtemps» Le président Obama, qui a reçu lundi M.Netanyahu, n'a pas exclu le recours à la force en dernier ressort, mais privilégié la voie diplomatique et les sanctions pour dissuader l'Iran d'avancer vers l'arme nucléaire. Téhéran affirme pour sa part que son programme nucléaire a un caractère pacifique.