Le mouvement de grève risque de toucher d'autres paliers de l'éducation. La Coordination des lycées d'Alger (CLA) a, comme prévu, rejoint hier le mouvement de grève déjà entamé par le Cnapest, et ce, depuis lundi dernier. Ainsi, sur les 112 lycées d'Alger, il n'en reste qu'un ou deux qui n'ont pas rejoint le mouvement pour des raisons que M.Osman, SG du CLA, n'arrive toujours pas à expliquer. «La mobilisation est à son comble», nous dira-t-il. Selon la dernière information fournie par notre interlocuteur, le second palier s'apprête, lui aussi, à rejoindre le mouvement de grève des PES. «Nous avons constaté, lors de notre tournée dans les lycées, que trois CEM à Bab El-Oued sont déjà à l'arrêt», indique-t-il. Le danger de voir le débrayage des profs de lycée gagner le moyen est donc imminent. «Si la tutelle campe sur ses positions, le mouvement prendra la voie de la radicalisation», prévient notre interlocuteur. A vrai dire, la détermination qui semble animer actuellement cette corporation est le fait, explique M.Osman, «d'un harcèlement dont font l'objet les enseignants». Ainsi, a-t-on appris de mêmes sources que 14 professeurs, dont 12 affiliés au CLA, un au Cnapest et le 14e un enseignant du cycle moyen, ont été destinataires de décisions de suspension, cela dans la seule wilaya d'Alger. Plusieurs enseignants des autres wilayas, ayant participé à cette grève, ont également été surpris d'apprendre qu'ils étaient suspendus de leur poste. «Nous avons appris avec stupéfaction que 50 suspensions ont eu lieu à Jijel, 14 à Sétif, 20 à Bouira, 11 à Batna, 20 à Annaba, 27 à Bordj Bou Arréridj et 2 à Tipaza. Ainsi la campagne d'intimidation se poursuit», martèle M Tahri, membre du Cnapest. Ce dernier nous apprend que M.Meriane, SG de ce syndicat ainsi que M.Osman ont eux aussi fait l'objet d'une décision de suspension. «Ils (la tutelle Ndlr) se sont acharnés contre les encadreurs de la grève afin de casser le mouvement», s'insurge M.Osman qui enchaîne: «Ils ignorent que notre mouvement est soudé et ce n'est pas pour autant qu'on cédera.» Au ministère de l'Education on affirme que ces mesures de sanctions obéissent à une instruction ministérielle n°455 datant du 8 octobre stipulant que le Cnapest est un syndicat illégal et tous les contestataires structurés au sein de ce dernier seront sanctionnés soit par des ponctions sur salaire, soit surles primes de rendement, ou encore par des suspensions définitives. A Sétif, 16 enseignants considérés comme semeurs de troubles ont fait l'objet d'un jugement prononcé, hier, par la chambre administrative près le tribunal de Sétif, suite à la requête déposée en référé par le directeur de l'éducation. Les enseignants contestataires ont répondu à ces «provocations», tel que qualifié par M.Tahri, par des pétitions dans lesquelles ils ont exprimé leur total soutien à leurs collègues «victimes d'intimidations» et renouvellent «leur détermination à poursuivre leur mouvement jusqu'à aboutissement des revendications». Pour sa part, l'Union nationale des enseignants et fonctionnaires de l'enseignement secondaire et technique, affiliée au Snapap, appellent tous les fonctionnaires de l'éducation à entrer en grève illimitée. Loin de connaître un début de solution, la situation dans l'enseignement semble prendre la voie de la radicalisation.