Son Appel a été Largement Suivi Le CLa mobilise les Enseignants Algérois Au lendemain de l'application des sanctions du ministère de l'Education, les établissements du secondaire de la wilaya d'Alger sont de nouveau en grève. Hier, les lycées ont encore répondu favorablement à l'appel à la grève lancé par le Conseil des lycées d'Alger (Cla) et le Conseil national des personnels de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). 11 heures. Les enseignants se sont présentés dans les lycées, mais les classes sont désertes. Les manifestants ont opté, encore une fois, pour un rassemblement à l'intérieur de l'enceinte scolaire. À 9h, les professeurs grévistes, du lycée Okba, commune de Bab El-Oued, se sont rassemblés à l'intérieur de l'établissement, afin de rappeler aux pouvoirs publics leurs revendications et leur détermination malgré les moyens employés par le ministère de tutelle. “C'est inconcevable d'arriver à ce stade de répression dans le secteur de l'éducation. Si le ministère pense pouvoir faire taire notre mouvement en suspendant des professeurs, nous lui signalons que nous sommes prêts à déposer une démission collective”, déclare un professeur de mathématiques. Et d'ajouter : “Nous revendiquons notre dignité, on refuse de finir nos carrières dans les prisons et les hôpitaux, après avoir formé des générations de médecins, de juges, de ministres et de policiers…” Hier, à 14h30, le CLA et le Cnapest ont organisé une réunion pour faire une première évaluation de la grève et débattre des prochaines actions à suivre. Ce staff regroupait les représentants du Cla et du Cnapest. M. R. Osmane a donné les premières appréciations de ce mouvement. “Nous pouvons dire que c'est une grève réussie à 98%. La majorité des lycées de la capitale a répondu favorablement à cette grève. On enregistre même un taux très élevé dans certaines wilayas, telles que Oran, Sétif, Souk-Ahras, Annaba…, malgré la décision de la suspension, appliquée par le ministère”. M. Osmane met en garde les contestataires de ne pas céder à la pression des menaces administratives des pouvoirs publics, “cette mesure de suspension administrative a un seul objectif : intimider l'enseignant du secondaire afin de dévoyer le véritable débat autour de nos revendications”. Le Conseil des lycées d'Alger serait satisfait du résultat de cette grève. “Encore une fois, grâce à l'union des forces du secteur de l'éducation, nous avons pu paralyser la majorité des lycées d'Alger”, déclare M. Osmane. Nabila Afroun Ahmed Ouyahia : “Les revendications des enseignants sont illogiques” “Les revendications des enseignants sortent de la logique”, a estimé, hier, le premier responsable de l'Exécutif, Ahmed Ouyahia, lors de la conférence de presse qu'il a accordée à la résidence Djenane El-Mithaq. Il a révélé que le budget annuel, alloué à la masse salariale du secteur de l'éducation, est de l'ordre de 150 milliards de dinars. Ce qui est énorme, de son point de vue. Il a rappelé que les enseignants des trois paliers de l'enseignement fondamental ont bénéficié, en 2002, d'une augmentation de salaire de 20% ainsi que d'une indemnité de documentation. Le secteur a connu l'intégration de 45 000 vacataires et 7 000 nouveaux enseignants pour pallier le déficit. Ahmed Ouyahia a considéré les efforts, déjà consentis par le gouvernement, assez conséquents pour ne pas lui en demander davantage, pour l'heure du moins : “Nous appelons la famille de l'éducation à la sagesse, mais nous n'acceptons pas le chantage. La loi sera appliquée dans toute sa rigueur.” S. H. Lycée Bouâmama (Alger) Les élèves observent un sit-in En guise de solidarité avec un de leurs enseignants, touché par la mesure de suspension que vient de décider l'académie d'Alger à l'égard de 13 enseignants, les élèves du lycée Bouâmama (Ex-Descartes) ont tenu, hier, un sit-in à l'intérieur de leur établissement. Aux cris de “Rendez-nous nos professeurs !”, les lycéens ont occupé la cour centrale de l'établissement dès les premières heures de la matinée. Initié par les élèves de la première année secondaire, le mouvement s'est amplifié au bout de quelques minutes. En dépit du fait que la grève déclenchée depuis plusieurs semaines par le Cnapest et le Cla n'est pas du goût de nombreux lycéens, il n'en demeure pas moins que les dernières mesures décidées par les pouvoirs publics sont perçues comme une injustice à l'égard de leurs enseignants. “Comment se fait-il qu'on nous parle, chaque jour que Dieu fait, de la démocratie, alors que les enseignants sont empêchés de s'exprimer !”, s'indigne Yasmine, élève de seconde. “Il est temps de donner un coup de main à nos enseignants dans l'espoir de voir Benbouzid finir par avoir pitié de nous”, ajoute-t-elle, non sans préciser au passage que le mouvement de solidarité est “spontané et non manipulé par les enseignants comme tend à l'accréditer l'administration”. Dans un premier temps, les lycéens avaient pensé descendre dans la rue mais, de crainte d'être réprimés, ils ont préféré tenir leur sit-in dans l'enceinte de l'établissement. Et ce mouvement de solidarité semble avoir fait des émules, puisque d'autres lycées projettent, dans les prochains jours, de tenir des sit-in similaires dans leurs lycées respectifs. N. A. Communiqué des élèves du lycée Cheikh Bouâmama* ll Nous, les élèves du lycée Cheikh Bouâmama (ex-Descartes), réclamons qu'on nous rende notre professeur de français Mme Z. Nous sommes très affectés par ce qui lui arrive. Nous trouvons cela injuste, car c'est une femme digne d'exercer la profession d'enseignante. C'est une femme au grand cœur qui est prête à aider tout le monde. Elle a toujours été à notre écoute. Nous n'imaginons pas passer notre bac ou nos épreuves anticipées sans elle, on a besoin d'elle. Rendez la nous, notre professeur de français. Les lycéens de Cheikh Bouâmama * Nous publions mot pour mot la déclaration des élèves du lycée Cheikh-Bouâmama Ecole de la Marsa Grogne des parents d'Elèves Les parents d'élèves de l'école de la Marsa (ex-Jean-Bart) sont en colère. Depuis hier, ils ont décidé de ne plus envoyer leurs enfants à l'école. Ils entendent ainsi protester contre une décision intempestive des autorités de l'académie d'Alger. Ces dernières ont opté pour la solution de facilité en décidant d'affecter sept locaux de cette école pour les besoins des collégiens habitant dans des chalets. Conséquence : la soustraction de ces sept salles fait que les classes se retrouvent avec des effectifs de plus de 50 élèves. C'est ce qu'on appelle régler un problème en en créant plusieurs. R. N. La Grève à Travers le Pays Bouira Suspensions et poursuites judiciaires contre huit professeurs Pas moins de huit professeurs affiliés à la Cnapest ont reçu des décisions de suspension de leurs fonctions à compter du 13 octobre 2003. Ces décisions ont été établies le même jour. Le motif invoqué est la grève illégale. Dans la même décision, l'administration s'est réservée le droit de poursuites judiciaires. Chose dite chose faite. Hier, des poursuites judiciaires ont été entamées à l'encontre des professeurs suspendus, selon le coordinateur du Cnapest. Cette démarche est qualifiée de grave par le coordinateur de la Cnapest. Les contestataires ne sont pas près de céder. La contestation risque de s'élargir dans les cycles moyen et primaire. A. Debbache Béjaïa La Cnapest réussit son pari Son mot d'ordre de grève a été massivement suivi dans le secondaire et dans quelques CEM. Quasiment tous les lycées de la wilaya de Béjaïa, à un degrés moindre les écoles fondamentales, ont été paralysés, hier, par la grève des enseignants à laquelle a appelée la Cnapest pour une durée de quatre jours. En effet, le temple du syndicat (Sete) qu'est le lycée d'Ihaddaden, le taux de suivi de la grève dépasse, selon un PES, les 50% de l'effectif. Cette organisation syndicale des enseignants du secondaire et technique tiendra sa réunion, aujourd'hui, au lycée d'El-Kseur pour évaluer cette action et se structurer au mieux dans la région. L. OUBIRA TIZI OUZOU “Nous irons vers une grève illimitée” La Coordination nationale des professeurs de l'enseignement secondaire et technique n'exclut pas l'éventualité de recourir à une grève illimitée pour se faire entendre. La menace a été brandie, hier, par Meziane Meriane lors d'un sit-in de protestation qui a drainé près d'un millier d'enseignants devant le siège de la direction de l'éducation de Tizi Ouzou. Evaluant les deux premières journées de grève, il a indiqué qu'un taux de suivi de 95% a été enregistré dans les wilayas structurées autour de la Cnapest, soit 38 au total auxquelles il faut ajouter l'adhésion des wilayas de Tébessa, d'Oum El-Bouaghi et d'El- Oued. Par ailleurs M. Meriane a révélé que 126 enseignants ont été suspendus à jijel (50), Annaba (20), Bordj Bou-Arréridj (25), Batna (14), Tipasa (2) et Alger (15). le conseil de wilaya de la Cnapest fixe le 31 octobre 2003 comme date butoir pour le règlement de toutes les situations en souffrance, “dont le directeur de l'éducation est tenu pour seul responsable dans la mesure où un état exhaustif des doléances est en sa possession depuis le 13 mai dernier”. A. T. Annaba 27 Enseignants Suspendus Accusés d'atteinte à la bonne marche de la rentrée scolaire et au droit des élèves, absences non justifiées, incitation des élèves à l'absence, vingt-six enseignants des membres de la Cnapset d'Annaba ont été suspendus par la direction de l'éducation de la wilaya, apprend-on de sources sûres. La grève a été largement suivie, soit un taux de 95% au niveau des douze communes de la wilaya d'Annaba, tandis que la direction de l'éducation signale, de son côté, que le taux de grève des enseignants n'a été suivi que de 73% seulement. Ainsi, sur les 29 lycées que compte la wilaya d'Annaba, seul au niveau de celui de la commune d'El-Chorfa que la grève n'a pas été suivie, souligne la direction de l'éducation. Par ailleurs, un enseignant a été aussi suspendu à Sétif B. Badis Boumerdès Large suivi Le mot d'ordre de grève générale de trois jours, lancé par la Cnapest pour réitérer l'exigence de la satisfaction de ses principales revendications socio-professionnelles, à savoir l'élaboration d'un statut particulier pour l'enseignant du secondaire, la réduction de l'âge de la retraite à 25 ans de service et la revalorisation à 100% des salaires, a été largement suivi dans la wilaya de Boumerdès. “Pratiquement tous les établissements ont répondu favorablement à notre appel. Dans certaines localités, le taux de suivi de la grève a dépassé les 80% et nous ne pouvons qu'être satisfaits de cette adhésion massive des enseignants à notre mouvement qui doit être le combat de tous les PES”, nous a déclaré un délégué local de la Cnapest qui ajoute : “Les ponctions sur les salaires et les menaces de licenciements brandies par la tutelle n'entameront en rien la détermination des enseignants à faire prévaloir leurs revendications.” MOHAMED B.
