Il se trouve quelque part dans la région de Bouira. «Selon au moins quatre ou cinq témoignages collectés auprès des terroristes des katibates Es Sunna et El-Fath, que nous avions arrêtés récemment dans l'opération des Babors, il est presque certain que l'émir national du Gspc, Hassan Hattab, est toujours chef suprême de l'organisation armée et qu'il se trouve quelque part dans la région de Bouira, peut-être dans sa partie sud-est.» Tel est le propos avisé d'un supérieur de la 5e Région militaire et qui a pris part au mégaratissage dirigé par le général-major Saïd Bey et qui a duré cinq semaines. Selon cet officier, «il y a surtout les aveux de Boubtache Youcef dit Abou Abderrahmane, émir de la katibat El-Sunna et ancien sergent de l'ANP ainsi que ceux du terroriste Souilah Abdelhalim, de la même katibat, qui attestent qu'il existe des divergences de conduite parmi les chefs (khilafat fil minhaj) mais que cela n'a pas conduit pour autant à un éclatement de l'organisation qui reste toujours sous le commandement unifié de Hassan Hattab». En outre, il y a ces témoignages de certains hommes d'Abou Umayra, émir de la région des Babors qui chevauchent trois wilayas: Bordj Bou-Arréridj, Sétif et Béjaïa. Ces hommes attestent que celui-ci avait quitté précipitamment les Babors pour rejoindre Hattab qui se trouvait à Bouira afin de mettre au point une nouvelle stratégie et une nouvelle répartition des tâches. Ce départ précipité d'Abou Umayra lui avait épargné d'être arrêté avec ses acolytes. Voilà donc de quoi couper court aux polémiques qui ont alimenté les médias depuis une semaine à propos de la prétendue destitution de Hassan Hattab au profit de Nabil Sahraoui. Celui-ci, on s'en souvient, avait été destitué par Hassan Hattab en 2002 au profit de Okacha El-Para pour «incompétence et mauvaise volonté», selon des repentis. Donc, il est hors de propos que celui-ci, même s'il a, depuis, essayé d'être autonome dans la région de M'sila, revienne avec autant de poids et qu'il défasse son chef. La stratégie de Hattab avait été, depuis septembre 1998, date de la création officielle du Gspc, de mettre à la tête des katibates les éléments les plus fidèles et les plus disciplinés. Un Amari Saïfi dit Abderrezak El-Para, élément-clé de l'organisation, mais velléitaire, intrigant et indiscipliné, a été éloigné des centres de décisions depuis près d'une année. Et, justement, son fameux coup médiatique - rapt de 32 touristes européens - a été opéré sans l'aval de la direction, et signifiait une volonté de prendre ses distances avec la direction tout en démontrant toutes ses aptitudes à mener seul son nouveau groupe qui s'est fondu dans celui de Mokhtar Belmokhtar, émir de la région Sud, pour former une nouvelle katiba dénommée Tariq Ibn Ziyad. Quoi qu'il en soit, le gros des troupes et des lieutenants de Hattab se trouve dans la région kabyle et là, les liens de parenté et de sang (les Hattab sont originaires de Zemmouri), les alliances qu'il a contractées depuis près de six ans, lui permettent d'être à l'aise lors des luttes intestines et fratricides qui secouent épisodiquement les groupes armés.