La résolution est loin de garantir une aide internationale matérielle et financière significative. Quatre soldats américains ont été tués, dont trois dans la nuit de jeudi à vendredi dans une attaque à Kerbala, portant à 101 le nombre de militaires américains tués au combat depuis le 1er mai en Irak, où la violence est devenue quotidienne. À ce chiffre, il faut ajouter la mort de centaines de civils irakiens, d'employés de l'ONU, de soldats britanniques (11) de la coalition ainsi que les Américains tués hors combat. On estime ainsi à une centaine le nombre de soldats américains morts dans «des accidents» depuis le 1er mai. Ces attaques contre les forces de la coalition sont menées au moment où le congrès américain a adopté vendredi à une confortable majorité, la rallonge budgétaire de 87 milliards de dollars réclamée par le président George W. Bush pour les opérations militaires et la reconstruction en Irak et en Afghanistan. Après le vote des représentants par 303 voix contre 125, le Sénat a approuvé cette enveloppe par 87 voix contre 12. Jeudi, il avait défié l'administration Bush, en adoptant une loi transformant en prêt la moitié des 20,3 milliards de dollars (17,5 milliards d'euros) d'aide à la reconstruction de l'Irak. Un vote loin de plaire au président américain qui souhaite que le congres américain accorde des dons plutôt que des prêts à l'Irak «la demande que j'ai faite au congrès pour la reconstruction de l'Irak inclut des fonds pour la santé et pour plusieurs projets de formation. Je demande au congrès d'adopter mon budget rapidement, de façon à ce que ce travail vital puisse continuer», a-t-il dit. Si le vote de 66 milliards de dollars pour les opérations purement militaires n'a pas posé problème, le débat s'est centré sur les fonds destinés à rétablir la stabilité économique et politique en Irak. Le Sénat a ainsi amputé l'enveloppe d'1,9 milliard de dollars destiné à des fins jugées inutiles. Les représentants se sont également prononcés contre ces mesures. Sur le plan international, les Etats-Unis ont obtenu jeudi le soutien unanime du Conseil de sécurité des Nations unies pour une résolution associant l'ONU à la reconstruction et à la stabilisation de l'Irak, sans faire pour autant de concessions majeures sur le calendrier de transfert de souveraineté aux Irakiens. Malheureusement la résolution de l'ONU est loin d'accorder à Washington la garantie d'une aide internationale matérielle et financière significative. En effet, la résolution 1511 n'engage pas les alliés des Etats-Unis et les autres membres du Conseil de sécurité à faire quoi que ce soit pour l'Irak et ne fera pas grand chose pour vaincre la réticence des principaux pays à fournir les troupes nécessaires et une aide à la reconstruction. En attendant, le bilan de la conférence des donateurs pour l'Irak, qui se tient les 23 et 24 octobre à Madrid, s'annonce loin des chiffres souhaités par Washington. Sur la rallonge budgétaire, la Chambre des représentants et le Sénat doivent encore s'entendre sur un texte commun. Des points de frictions demeurent, notamment la décision du Sénat de convertir la moitié des 20 milliards pour la reconstruction irakienne en prêts, alors que l'administration Bush veut des dons. D'un autre coté, le Conseil de gouvernement provisoire en Irak a indiqué, samedi, en Malaisie qu'il allait «essayer» de tenir les délais imposés par la résolution des Nations unies, demandant la définition d'ici au 15 décembre d'un programme conduisant à des élections. «Mais nous allons travailler en fonction des circonstances en Irak», a déclaré Iyad el-Allaoui, président du Conseil de gouvernement provisoire en marge du sommet de l'OCI. «Nous voulons vraiment que des élections soient organisées le plus tôt possible. Une fois que nous aurons une Constitution, un référendum et un gouvernement élu, alors la souveraineté suivra», a-t-il précisé. Tandis que Jeremy Greenstock, représentant spécial en Irak du premier ministre britannique, Tony Blair, table sur l'adoption d'une Constitution en Irak dans six mois et sur l'organisation d'élections dans un an. En outre, Allaoui s'est félicité que la France, l'Allemagne et la Russie aient levé leurs objections sur la résolution et s'est réjoui du rôle croissant des Nations unies. «Elargir le rôle des Nations unies sert les intérêts de l'Irak», a-t-il dit. Le chef du Conseil de gouvernement a cependant réitéré son refus de voir des pays voisins envoyer des troupes en Irak, indiquant que les discussions se poursuivaient sur ce dossier avec les Etats-Unis. Malgré l'opposition de l'opinion publique turque et le vif mécontentement irakien, le Parlement turc a donné son feu vert la semaine dernière à l'envoi de milliers de soldats en Irak pour épauler les forces de la coalition.