Les Etats-Unis, avec l'adoption à l'unanimité par le Conseil de sécurité de leur projet de résolution sur l'Irak jeudi, ont conclu par un succès éclatant et inattendu six semaines d'âpres négociations diplomatiques. "Je veux remercier les Nations unies pour avoir adopté à l'unanimité une résolution aidant nos efforts à construire un Irak libre et pacifique", a réagi le président américain George W. Bush. "Notre but en Irak est de laisser derrière nous un pays stable et pacifique doté de son propre gouvernement qui ne représentera plus une menace pour le Moyen-Orient et les Etats-Unis", a-t-il affirmé. La résolution 1 511 votée y compris par la Syrie, seul pays arabe au Conseil, préserve le contrôle quasi-absolu que les Etats-Unis exercent sur l'Irak depuis son invasion en mars sans le feu vert de l'ONU. Les Etats-Unis, qui font face à une situation plus difficile et plus coûteuse qu'ils ne l'avaient envisagée, attendent de cette résolution qu'elle persuade la communauté internationale d'accroître sa contribution, militaire et financière, à la stabilisation et à la reconstruction du pays. Washington souhaitait tout particulièrement que la résolution soit adoptée avant la tenue, les 23 et 24 octobre, à Madrid, d'une conférence des pays disposés à contribuer aux besoins de la reconstruction de l'Irak, estimés à quelque 55 milliards de dollars pour les quatre prochaines années. La Russie, la France et l'Allemagne avaient décidé avant le vote de se prononcer en sa faveur. Dans un texte commun, ces trois pays ont souligné avoir approuvé le texte "dans un esprit d'unité", tout en soulignant que "les conditions ne sont pas remplies pour qu'ils envisagent un engagement militaire et des contributions financières supplémentaires aux engagements déjà pris". Cette résolution, a précisé le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin, constitue "un premier pas" mais "n'est pas à la hauteur des enjeux". "Nous aurions préféré que ce texte fixe des échéances plus contraignantes et plus rapprochées pour le transfert des responsabilités et la transition politique" en Irak. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a félicité le Conseil. Il l'a aussi remercié de lui avoir laissé la "flexibilité" nécessaire pour décider, en fonction de la sécurité prévalant en Irak, quand il pourrait renvoyer dans ce pays le personnel onusien évacué après deux attentats à la bombe. "Je ferai de mon mieux pour remplir le mandat donné par le Conseil en gardant à l'esprit (...) mon obligation de prendre soin de la sécurité du personnel de l'ONU", a déclaré M. Annan. Le secrétaire général avait fait savoir ces derniers jours que le projet ne répondait pas à ses recommandations et n'accordait pas aux Nations unies un rôle suffisamment important pour justifier les risques encourus. Parmi les autres réactions, les chefs de la diplomatie américaine, Colin Powell, l'espagnole Ana Palacio et le britannique Jack Straw ont fait part de leur satisfaction, jugeant que l'adoption de la résolution exprimait un "message de solidarité". Comme le souhaitaient les Etats-Unis, la résolution 1 511 autorise la création en Irak d'une force multinationale sous commandement unifié américain et demande à la communauté internationale de fournir des troupes. Embuscade à Kerbala Trois soldats us tués Des Irakiens ont tué dans une embuscade tendue dans la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad, trois soldats américains et deux policiers irakiens dans la nuit de jeudi à vendredi, a indiqué un porte-parole de la coalition. Une patrouille de police irakienne accompagnée de membres de la police militaire américaine a été attaquée par des irakiens postés sur les toits des immeubles près de la mosquée Al-Abbas à Kerbala, à 110 km au sud de la capitale, a indiqué le commandant Ralph Manos. “Trois membres de la police militaire américaine ont été tués et deux autres blessés au combat. de même deux policiers irakiens ont été tués et cinq blessés au combat”, a-t-il ajouté sans dire s'il y avait eu des victimes parmi les assaillants. Le décès des trois soldats portent à cent le nombre de militaires américains tués au combat depuis le 1er mai, date à laquelle le président George W. Bush a annoncé la fin des opérations militaires majeures en Irak.