Le nouveau président sénégalais Macky Sall, tombeur d'Abdoulaye Wade, au pouvoir depuis 12 ans, se prépare à s'installer au palais présidentiel à Dakar dès la semaine prochaine, tandis que le camp Wade, après la défaite, met le cap sur les législatives prévues en juin. Macky Sall doit en principe prendre ses fonctions le 3 avril, après avoir prêté serment le même jour et formé un nouveau gouvernement, afin de présider le lendemain la fête de l'indépendance. «Aucune date définitive n'est encore arrêtée pour la passation. Nous saurons d'ici ce soir», a déclaré une source dans l'entourage de M.Sall. Le président Wade «a décidé de quitter le palais de la République mercredi», selon l'Agence de presse sénégalaise (APS, publique). Depuis dimanche soir, Macky Sall passait «une bonne partie de son temps à s'entretenir au téléphone avec des dirigeants étrangers», qui continuaient de le féliciter pour sa victoire à la présidentielle, très vite acceptée par M.Wade, selon son entourage. L'élection de dimanche a été saluée comme une alternance pacifique exemplaire dans le monde. Selon des chiffres officieux, M.Sall a remporté plus de 60% des voix face à son ex-mentor dont il a été le Premier ministre. La publication des résultats officiels provisoires par la Commission nationale de recensement des votes (Cnrv) se fera «impérativement aujourd'hui» (hier), selon un de ses membres. Les résultats doivent ensuite être transmis au Conseil constitutionnel qui annoncera les chiffres définitifs, à une date non précisée. Le président Wade, a de son côté, renoncé à participer au sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) prévu hier à Abidjan pour discuter du coup d'Etat militaire qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, a indiqué une source à présidence sénégalaise. «Le président (ivoirien) Alassane Ouattara (président de la Cédéao) a beaucoup insisté, mais il y a un nouveau président élu et nous ne voulons poser aucun acte pouvant le gêner», selon elle. Le Sénégal sera représenté à ce sommet par son ministre des Affaires étrangères, Madické Niang, a-t-elle précisé. Le chef de l'Etat sortant poursuivait hier sa tournée d'adieu auprès des chefs religieux. Après Touba (centre), capitale de la confrérie des Mourides, il était attendu à Tivaouane, ville sainte d'une autre confrérie, les Tidianes. Après la défaite à la présidentielle, son parti, le Parti démocratique sénégalais (PDS), se concentre désormais sur les prochaines législatives prévues en juin en exigeant du nouveau président «le respect du calendrier républicain». «Nous demandons à Macky Sall, s'il est investi, de faire tout pour que l'agenda électoral ne soit pas modifié afin que les élections législatives s'organisent le 17 juin», a dit le porte-parole du PDS, Babacar Gaye. «Dans une dizaine de jours, c'est-à-dire le 7 avril, ce sera l'ouverture du dépôt des listes» pour ce scrutin et «nous voulons que tous les engagements pris quand au respect du fonctionnement normal de la République soient bien tenus», a-t-il ajouté. En vue de ce vote, la coalition Benno Bokk Yakkar (Unis pour le même espoir en langue wolof) qui a soutenu la candidature de M.Sall au second tour de la présidentielle, a décidé de présenter une liste commune. L'actuelle Assemblée nationale, qui compte 140 députés, est largement dominée par le SPD.