Les motivations qui ont amené le conseil d'Etat à prendre cette décision en faveur du FLN seront connues aujourd'hui ou demain. Le parti de Benflis a-t-il eu raison d'avoir confiance en la justice? En moins de dix minutes, le président de la chambre au conseil d'Etat, Ahmed Bellil, a tranché en faveur du FLN qui rappelons-le, non satisfait de la décision de la cour d'Alger, le 1er octobre, lui interdisant la tenue de son congrès extraordinaire, avait fait appel auprès du Conseil d'Etat. Le dispositif de l'arrêt rendu en référé par le Conseil d'Etat hier, a annulé donc la décision du 1er octobre et considère que le juge administratif n'est pas compétent dans les litiges se rapportant à l'organisation et au fonctionnement interne des partis politiques, «sauf dans les cas limitativement énumérés par la loi organique sur les partis politiques». Ce sont des cas où la loi permet au ministère de l'Intérieur de saisir la justice quant il y a violation des lois de la République. Croisé dans les couloirs du siège de son parti, Benflis s'est refusé à faire toute déclaration: «Ma meilleur, déclaration est la lettre que je viens d'adresser à toutes les mouhafadhas». Au comble d'une joie qu'il ne pouvait réprimer, il ajoute quand même: «Ils ont interdit la tenue du congrès extraordinaire, nous l'avons fait. Le conseil d'Etat vient de statuer en notre faveur et leur signifier qu'ils se sont trompés et naturellement nous sommes sur la bonne voie». De son côté, M.Sallat, membre du bureau politique et ex-ministre chargé de la Réforme pénitentiaire dira: «Cet arrêt constitue une victoire pour la justice et la démocratie, une victoire en ce sens qu'elle réhabilite l'institution judiciaire après le grave préjudice que lui a porté la décision de la cour d'Alger, le 1er octobre». Pour ce juriste chargé par son parti de suivre le dossier «le verdict que vient de rendre le conseil d'Etat est aussi une victoire pour la démocratie car, dit-il, l'arrêté du 1er octobre constituait une véritable menace pour les partis politiques». Avant d'ajouter: «Finalement, nous avons raison d'avoir eu confiance en notre justice, on n'a jamais confondu l'institution judiciaire avec le comportement de certaines personnes». Par ailleurs, M.Sallat précise que les motivations qui ont amené la juridiction suprême -le conseil d'Etat- à prendre cette décision en faveur de son parti seront connues aujourd'hui ou demain. Les responsables et autres militants rencontrés hier au siège du parti jubilaient. «La démocratie l'a échappé belle», «La justice a été lavée de l'opprobre», entend-on clamer dans les couloirs et à l'intérieur des bureaux du parti.