Les dirigeants des deux pays ont multiplié les appels au resserrement des liens. En visite en Iran depuis samedi dernier, le chef de l'Etat a déposé hier une couronne de fleurs sur la tombe de l'imam Khomeiny à Téhéran. C'est la première visite officielle d'un Président algérien en Iran depuis plus de 20 ans. Un geste qui relève du protocole, mais dont la symbolique est à signaler. Par cet acte, Bouteflika enterre définitivement la hache de guerre entre les deux pays. Plus encore, il a été reçu par le successeur du fondateur de la République islamique d'Iran, Ali Khamenei, qui personnifie la résistance aux changements insufflés par le président Mohamed Khatami. Une entrevue essentiellement marquée par le sentiment antiaméricain du Guide suprême de la révolution iranienne, qui a appelé les pays musulmans à faire montre de solidarité à l'égard des Palestiniens, «sans craindre les menaces des Américains». Au-delà des aspects politiques, la visite de Bouteflika en Iran a été mise à profit par les deux pays, pour que «la coopération entre les deux pays se développe à tous les niveaux», comme l'a souligné Ali Khamenei. En effet, au cours du séjour du président de la République qui a pris fin hier, les dirigeants des deux pays ont multiplié les appels à resserrer les liens qui ont été renoués il y a trois ans seulement. A cet effet, le chef de l'Etat a clairement signifié au ministre iranien de la Défense, Ali Chamkhani, l'intention de l'Algérie d'étendre la coopération au domaine de la lutte antiterroriste. «Il ne faut pas permettre aux adversaires de l'Islam de faire porter aux musulmans la responsabilité du terrorisme», a soutenu Bouteflika. Un appel qui a été entendu puisque les deux pays ont signé des accords judiciaires et d'extradition, cela en plus d'un certain nombre de protocoles relatifs à la coopération industrielle et maritime. En ce qui concerne les grandes questions internationales de l'heure, le président Mohamed Khatami avait déclaré la veille que Téhéran et Alger avaient des «positions communes sur les questions irakienne et palestinienne» et combattaient tous deux le terrorisme. Les deux pays ont rétabli en septembre 2000 des relations diplomatiques rompues en 1993 après le succès du Front islamique du salut (FIS) aux législatives algériennes de décembre 1991 et les événements qui ont suivi. Le pouvoir algérien accusait alors l'Iran de soutenir le FIS, ce dont l'Iran s'est toujours défendu.