Après un gel de près de neuf ans, les relations diplomatiques entre Alger et Téhéran connaissent enfin un réchauffement qu'annonçait déjà la rencontre Bouteflika-Khatami en marge du dernier sommet de l'ONU. Ces retrouvailles interviennent dans un contexte mondial différent de celui des année 80 ou 90 qui ont vu le passage de l'anticommunisme musulman au djihad anti-américain qui a vu souvent l'Iran cautionner la violence politique jusqu'à ce que les événement du onze septembre en décident autrement et qui ont désormais mis à nu toute la vulnérabilité de l'Amérique. Aujourd'hui, Bouteflika rend visite à l'Iran dans un tout autre contexte mondial. Ainsi M. Abdelaziz Bouteflika vient d'entamer la première visite officielle d'un chef d'Etat algérien en Iran depuis le président Chadli Bendjedid en 1982. Trois ans après la révolution islamique en plein conflit entre l'Iran et l'Irak. L'Algérie, qui représentait les intérêts américains en Iran depuis la rupture des relations diplomatiques entre Téhéran et Washington le 7 avril 1980, a joué les intermédiaires pour la libération de la cinquantaine d'otages américains pris à Téhéran le 4 novembre 1979. L'Algérie qui a également représenté les intérêts iraniens à Washington avant le Pakistan, a en outre multiplié les missions de bons offices au cours de la guerre Iran-Irak. D'ailleurs c'est au cours de l'une de ces missions que le ministre algérien des Affaires étrangères Mohamed Seddik Ben Yahia a été tué quand son avion a été abattu par erreur par un missile, bien que beaucoup de sources soutiennent que les circonstances de cet accident du 3 mai 1982- en Iran aux confins de la Turquie et de l'Irak- sont demeurées obscures. Les relations entre Alger et Téhéran ont été rompues en 1993 après l'arrêt du processus électoral après la débâcle du FIS et les douloureux événements qui ont suivi, dont la multiplication des attentats terroristes. Le pouvoir algérien accusait alors l'Iran de soutenir le terrorisme et la subversion islamiste. Ce dont l'Iran s'est toujours défendu. Au cours de cette escale, Bouteflika ne manquera pas de se rendre sur la tombe de l'imam Khomeyni, fondateur de la République islamique. Sans toutefois omettre de rencontrer le guide suprême, l'ayatollah Ali khaminey. Est-ce une façon de séduire le potentiel électorat islamiste, s'interrogent les observateurs. Bien entendu des accords de coopération seront signés notamment dans les domaines de l'investissement et des transports maritimes. L'on apprend qu'un accord d'extradition des auteurs de crimes sera aussi paraphé. Bouteflika doit aussi visiter les sites industriels et militaires de ce pays que l'on accuse de détenir l'arme atomique.