Formidable machine à gagner les élections dont ne peut se passer aucun candidat au Palais d'El Mouradia, l'ex-parti unique se dirige tout droit vers une défaite électorale parmi les plus cuisantes de son histoire. Le SG du FLN et le SG du RND sont deux présidentiables en puissance. La crise qui risque de faire imploser l'ex-parti unique ne peut que donner un avantage supplémentaire à la formation politique drivée par l'actuel Premier ministre. Eclairage: on prête un destin présidentiel pour Abdelaziz Belkhadem que l'on soupçonne de lorgner le Palais d'El Mouradia pour 2014. Apparemment, c'est foutu. Le secrétaire général du Front de libération nationale qui a réussi le tour de force de se mettre tout le monde à dos devrait soit démissionner ou être destitué après les élections législatives de mai 2012. Sauf retournement de situation spectaculaire. Pour briguer la magistrature suprême, il ne peut raisonnablement se passer de cette formidable machine à gagner les élections dont ne peut faire fi aucun candidat à la présidence de la République. Le SG du FLN, qui a évoqué cette éventualité, n'a pas nié le poids de son parti pour parvenir à l'exercice de la plus haute fonction de l'Etat. «Oui, l'ambition est légitime, mais la question ne se pose pas pour le moment étant donné qu'il reste encore trois années dans le mandat actuel du Président» avait-il déclaré lors de l'émission «La rencontre de la semaine» de la Télévision nationale, au mois de mai 2011. «Cela relève des prérogatives des organes du parti» a-t-il précisé un mois plus tard au cours de son passage à l'émission hebdomadaire de l'Entv, «Hiwar Essaâ». «Dans trois années, beaucoup de choses peuvent se produire...Je pourrais ne plus être le secrétaire général du FLN, comme il se pourrait qu'une nouvelle direction du parti voie le jour» avait-il ajouté. Une déclaration prémonitoire. Il y a en effet de fortes probabilités pour que le patron du FLN ne soit plus à son poste dans les prochains jours. La crise qui secoue l'ex- parti unique, à travers un mouvement de redressement qui n'a d'autre objectif que d'avoir la tête de son actuel SG, le dirige aussi tout droit vers une défaite électorale parmi les plus cuisantes de son histoire. Le malheur des uns peut faire le bonheur des autres. Et en politique il n'y a pas d'états d'âme. Le Front de libération nationale se déchire. Une opportunité pour le Rassemblement national démocratique, seconde force politique au sein de l'Assemblée populaire nationale, qui doit en principe en tirer des dividendes. Du coup, Abdelaziz Belkhadem trace un boulevard pour Ahmed Ouyahia. Le Premier ministre n'a pas exclu de se porter candidat à la prochaine présidentielle qui doit se tenir dans deux ans. Sauf si Abdelaziz Bouteflika décide de briguer un quatrième mandat. Questionné sur sa potentielle candidature pour la présidentielle de 2014 au cours de l'émission «Hiwar Essaâ» diffusée par la Télévision nationale le 30 mars 2011, le SG du RND avait répondu: «C´est la rencontre d´un homme avec son destin» paraphrasant l´ex- président français, Valéry Giscard d´Estaing, qui fut élu en 1974. Remporter les élections du 10 mai 2012 renforcerait indéniablement ses chances pour le rendez-vous de 2014. Elles représentent une échéance qui aura valeur de test pour Ahmed Ouyahia pour la prochaine présidentielle. L'occasion lui est offerte par la dislocation de son rival le plus redoutable. En effet, pour le scrutin du 10 mai, les faveurs du pronostic allaient immanquablement au parti de Belkhadem. Le débat portait sur l'abstention et le nombre de sièges qu'il aurait pu arracher. Même la Coface (Compagnie française d'assurance du commerce extérieur) avait pronostiqué une victoire du Front de libération nationale aux prochaines élections législatives qui se tiendront dans un peu plus d'un mois. «La continuité politique prévaut depuis la réélection du Président Bouteflika en 2009, pour un troisième mandat courant jusqu'en avril 2014, et le FLN au pouvoir devrait conserver la majorité à l'issue des élections législatives de mai 2012», avait souligné la Compagnie française d'assurance du commerce extérieur dans sa note, «Risque pays», publiée le 16 janvier 2012. Avec le retrait du Rassemblement pour la culture et le FLN, donné favori, qui s'avance en rangs dispersés avec en toile de fond une crise qui pourrait le désintégrer, la course au Palais Zighout Youcef s'annonce désormais des plus ouvertes...Une occasion pour le RND de tirer les marrons du feu.