Plusieurs formations politiques et composantes de la société civile ont dénoncé dans des communiqués le recours «effréné » à la violence contre des manifestants sortis lundi dans les rues de Tunis pour commémorer la Fête des martyrs. Elles ont affirmé leur rejet catégorique de toute atteinte à la liberté d'expression, aux droits de l'homme ainsi qu'au droit à manifester pacifiquement. De son côté, Ettakatol (forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) a dénoncé l'agression des manifestants au niveau de l'avenue Habib Bourguiba, s'étonnant de la poursuite de la répression au niveau de l'avenue Mohamed V et d'autres artères de la capitale qui ne sont pas concernées par la décision de l'interdiction émise par le ministère de l'Intérieur appelant à l'instauration d'un dialogue immédiat avec les composantes de la société civile pour éviter toute forme de violence. Le parti du Congrès pour la République (CPR) a, quant à lui, dénoncé «les dépassements étranges et injustifiés de l'appareil sécuritaire », indiquant, à ce propos, « qu'un grand nombre d'agents des forces de l'ordre et des personnes en civil dont on ne connaît pas l'appartenance », ont fait face avec « une violence effrénée et une répression sauvage » aux manifestants pacifiques et ont procédé à l'arrestation de plusieurs d'entre eux. Selon un communiqué du CPR, «ce traitement inacceptable réservé par les agents des forces de l'ordre aux manifestants pacifiques » intervient deux jours seulement après un traitement similaire de la manifestation des chômeurs et quelques jours après les agressions perpétrées contre les blessés de la révolution et les familles des martyrs. De son côté, la présidente du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) et du Centre de Tunis pour la justice transitionnelle, Sihem Ben Sedrine a considéré que les évènements qui ont eu lieu, lundi, au niveau de l'avenue Habib Bourguiba, comme étant «une journée noire qui ne fait nullement honneur à la révolution et à la Tunisie de la liberté », estimant que «l'atrocité avec laquelle ont été réprimé les manifestants » n'est nullement justifiable. Ajmi Lourimi, membre du bureau politique d'Ennahdha, a nié «toute participation d'éléments d'Ennahdha aux interventions pour empêcher les manifestants d'accéder à l'avenue Habib Bourguiba » ou « l'existence de milices d'Ennahdha ». Il a estimé que «la persistance des manifestants à vouloir se rendre à l'avenue Habib Bourguiba est une violation de la loi et d'une décision émanant d'un ministère de souveraineté comme le ministère de l'intérieur ». Il a, en outre, affirmé que «le Mouvement Ennahdha soutiendra toujours la liberté d'expression et de manifester pacifiquement, mais dans le cadre du respect de la loi ».