L'exposé du gouverneur de la Banque centrale a été bref et évasif. Le conseil de la monnaie et du crédit a rejeté dix demandes d'autorisation de constitution de banques en 2002. «Cela reflète l'effort substantiel entrepris cette année pour rendre plus efficace le dispositif de contrôle.» Cet effort constitue aussi «une réaction à la dégradation de la situation prudentielle d'une banque privée et de prendre les mesures conservatoires appropriées». C'est en ces termes qu'a répliqué le gouverneur de la Banque centrale, M.Laskaci, aux interrogations des députés lors de la présentation, en séance plénière à l'APN, du rapport sur «l'évolution économique et monétaire en Algérie en 2002 ». L'exposé du gouverneur de la Banque centrale a été bref, évasif. Et pourtant les interventions des députés, 28 au total, ont été axées sur la chute d'El Khalifa Bank. Au moment où la presse et les députés appréhendaient des révélations sur ce dossier, M.Laskaci a préféré éluder la question se contentant de rappeler dans quelles conditions il a été décidé le retrait de l'agrément d'El Khalifa Bank et de la Bcia et les charges retenues contre elles, telles que le blanchiment d'argent et le non-respect des règles ratios-économiques. Il faut dire que le gouverneur de la Banque centrale a bien défendu son institution, en discréditant la thèse du scandale politico-financier. «La chute d'El Khalifa incombe exclusivement à la malhonnêteté de ses dirigeants», c'était la thèse défendue hier par l'orateur. En effet, ce dernier répond à tous ceux qui accusent les autorités de négligence, en précisant que «les contrôles prudentiels se font sur la base des déclarations des banques». Concernant l'indemnisation des déposants, M.Laskaci explique que l'opération se déroule dans «de bonnes conditions». 27.000 chèques, pour un montant global de 2,4 milliards, sont déjà émis pour indemnisation, à en croire l'orateur. «Notre objectif étant de mettre en oeuvre une supervision efficace et permanente visant à protéger les déposants et les investissements comme elle permet d'éviter les risques systématiques découlant d'une mauvaise gestion», atteste-t-il. En dépit de «ces incidents de parcours», le rapport en question insiste sur le fait que l'émergence des premiers signes de la concurrence au sein du système bancaire, avec l'entrée des banques privées constitue «un fort potentiel d'amélioration bancaire». Le texte cite à titre d'illustration, qu'à l'exception des deux banques sus-citées, toutes ont respecté le ratio de solvabilité de 8%. Sur un autre chapitre, et au plan de la structure de l'activité globale du secteur, les banques publiques restent prédominantes avec 87% du total de l'actif des banques. Les crédits à l'économie sont passés de 1077 milliards de dinars à fin 2001 à 1266 milliards à fin 2002.